Sur la ligne jaune - Chapitre 21

Publié par Lili Vamp' , dimanche 10 octobre 2010 12:07


CHAPITRE XXI
- On the edge -


(Back to) Bella's POV

Nous marchons depuis deux bonnes heures à présent. Nos raquettes tamisent la neige dans un bruit feutré. Dans la forêt tout est calme, seuls nos éclats de rire percent joyeusement le silence omniprésent; Alice, Rose et moi nous démenant comme de beaux diables sur nos raquettes. Le reste de la famille Cullen, Jasper et surtout Edward et Charlie nous attendent dans la maison familiale... Si ce n'est pas le bonheur, ça y ressemble.
Je garde au fond de mon cœur une pensée émue pour Marcus, Jane et Alec. Ils m'ont aidée à trouver mon chemin, envers et parfois contre eux. Alec. Comment pourrais-je un jour le remercier d'avoir eu raison de mes doutes au détriment des sentiments qu'il me porte ? Jane... Voilà comment je vais pouvoir leur rendre une infime partie de ce qu'ils m'ont donné. C'est pour cela que je triture nerveusement cette précieuse carte de visite... Je vais parler à Alice et tenter de l'aider à recoller le puzzle de son passé, à retrouver sa meilleure amie Jane qui porte toujours le poids de la culpabilité suite à l'avortement raté d'Alice. Il faut que je le fasse. Pour Jane, pour Alice, pour les Cullen.
Alors que Rose tente vainement de courir avec ses raquettes pour prendre en photo un écureuil effrayé qui passait par là, j'en profite pour donner la carte à Alice.
Elle me regarde, surprise.
'Qu'est ce que c'est?'
'Et bien regarde...'
Elle lit la carte et son sourire s'affaisse. Ses yeux s'embuent. Merde... Peut-être n'aurais-je pas du...
'Co...comment as-tu retrouvé Jane ?'
'Pur hasard. Elle est indirectement liée à l'enquête en cours. Je suis désolée Al, je ne peux pas t'en dire plus, tu le sais.'
'Est-ce que tu sais... tout?'
'Je sais pour Demetri, pour l'avortement raté et pour l'arrêt soudain de tes études à quelques semaines du diplôme, oui. Je sais aussi que tu ne pourras jamais plus avoir d'enfant'.
'Mon dieu...'
'Tu lui manques Al. Elle ne se pardonne pas ce qu'il s'est passé. Et ta famille est dans le brouillard quant à ton soudain changement de vocation'.
'Je ne sais pas si j'en aurai la force Bella.'
'Tu es dix fois plus forte que Rose et moi réunies. Fais-le quand tu t'en sentiras capable. Jane ne sait pas que nous nous connaissons bien. Il est temps de reprendre les rênes de ta vie. Tu mérites mieux que ça et je veux te voir heureuse. Parce que tu es mon amie, Alice.'
Elle se jette dans mes bras et je la serre maladroitement, ne sachant pas vraiment quoi faire de notre trop plein d'émotion.
'Merci Bella. Tu comptes beaucoup pour moi.'
Je lui souris.
'Et puis j'espère bien que tu deviendras ma belle-sœur...', finit-elle en essuyant les larmes sur ses joues.
'Ben alors, qu'est-ce qui vous prend de pleurer comme ça ? C'est bon les filles, je n'ai pas capturé l'écureuil pour faire une dissection!', intervient Rose, essoufflée par sa course.
Nous ne pouvons nous empêcher de d'éclater de rire et comme nous nous serrons toutes les trois dans les bras, nous emmêlons nos raquettes et chutons toutes mollement dans la neige.



***


Nous ne devrions plus tarder à voir la maison. J'ai considérablement augmenté la cadence et Rose et Alice ont du mal à suivre.
La nuit ne devrait plus tarder à tomber mais ce n'est pas ça qui m'inquiète. Non, ce qui m'inquiète, ce sont les deux ombres que j'ai cru distinguer il y a un quart d'heure, se déplaçant furtivement d'arbre en arbre. Elles n'avaient rien d'un cerf ou d'un écureuil, ça je le sais et mon expérience et mon instinct ne sauraient mentir. Nous sommes suivies, peut-être épiées depuis hier. Et je sais après qui ils en ont: moi.
Enfin nous distinguons la maison et les filles se mettent à souffler, pestant après moi.
'Je ne savais pas que tu avais si peur de la nuit, Bella!', me taquine Alice alors que nous arrivons enfin sur la terrasse de la maison familiale des Cullen.
Mais Rose n'est pas dupe. Elle me retient par la manche.
'Qu'est-ce que tu ne me dis pas, Bella?'
'Nous sommes suivies. Deux hommes. Minimum.'
'Merde...'
'Garde la même attitude et préviens Emmett, Carlisle et Jasper. Pas un mot à Alice et Esmée. Vous devez continuer à agir comme si de rien n'était'.
'Ok...'.
Alors que je m'apprête à monter sur la terrasse, Edward me fixe intensément.
'Nous ne sommes pas seuls', me dit-il alors qu'il me prend dans ses bras et dépose un baiser sur ma tête.
'Je sais. J'ai du hâter le pas.'
'Combien?'
'De ce que j'ai pu voir, deux.'
Nous continuons à parler dans les bras l'un de l'autre, pour ne pas paraître suspects. De cette manière, nous visionnons chacun l'orée du bois, l'air de rien.
'Il faut prévenir mon père, mon frère et Jasper'.
'J'ai chargé Rose de le faire.'
'Bella, il faut qu'on dégage d'ici. On ne sait pas ce qu'ils prévoient. Ils pourraient nous encercler et profiter de la nuit pour pénétrer dans la maison'.
'Mais la nuit commence déjà à tomber. Et il y a Alice, Rose et Esmée. Et Charlie... Mon dieu, je ne supporterais pas qu'il leur arrive quoique ce soit...'
'Tout va bien se passer mon amour, je te le promets.'
Nous rentrons et croisons les regards de Carlisle, Emmett et Jasper. Carlisle nous fait un signe de la tête. Nous comprenons.
'Chérie ? Rejoins-nous dans le salon avec les filles. C'est important', dit il à Esmée.
'Qu'est-ce qu'il se passe bon dieu?', jure mon père.
Une fois tout le monde réuni, Carlisle prend la parole.
'Pendant que je vais parler je vais vous demander de faire comme si nous prenions l'apéritif. N'ayez pas l'air surpris, pas d'éclat de voix, pas de précipitation. Suis-je bien clair?'
Tout le monde consent sans dire mot.
'Je vais vous demander de faire vos bagages rapidement mais sans précipitation et nous chargeons tout dans les voitures. Nous partirons sous forme de convoi. Emmett, Rose, Jasper et Alice, vous ouvrirez le convoi dans un même véhicule. Vous serez suivis par Edward et Bella puis par moi-même avec Esmée et Charlie. Jasper, je te demanderai de bien vouloir héberger Alice jusqu'à nouvel ordre. Emmett, la même chose avec Rose. Edward, tu restes avec Bella. Charlie, vous dormez chez nous ce soir et nous vous mettrons dans un avion dès demain matin. Le convoi ne doit pas traîner mais il est inutile de faire de l'excès de vitesse. Quoiqu'il arrive, nous devons nous suivre coûte que coûte. Une fois arrivés à New York, nous prendrons chacun le chemin de nos domiciles respectifs et vous m'appelez sans faute dès que vous franchissez le pas de votre porte. Tout le monde a bien compris?'
'Qu'est-ce qu'il se passe, chéri ? C'est grave ? Sommes-nous en danger?', l'interroge Esmée dont l'inquiétude peut se lire sur le visage.
'C'est lié à notre enquête mon amour. Ne t'inquiète pas. Tout se passera bien tant que nous ferons les choses comme je les ai dites. Va préparer les bagages', lui répond t'il en l'embrassant tendrement sur le front.
Charlie se retourne vers Edward et me prend dans ses bras.
'Chérie, sois prudente je t'en supplie. Et appelle-moi tous les jours pour me rassurer'.
'Ne t'inquiète pas Charlie. Tout ira bien. Ce n'est pas ma première affaire délicate...', tenté-je de le réconforter, omettant volontairement de lui dire que c'est moi qui suis visée.
'Prends-soin de ma petite fille, Edward'.
'Je vous le promets Charlie. Elle est la prunelle de mes yeux. Nous vous tiendrons informé.'
Nous montons tous dans nos chambres et faisons rapidement nos bagages. Carlisle a appelé Jacob afin qu'il mette en route une mesure de protection dès demain.
Nous nous retrouvons dans l'énorme garage. Après une dernière embrassade avec Charlie nous montons tous en voiture, dans un silence tendu. Chacun a peur pour l'autre.
La nuit tombe déjà et nous partons. Le chemin risque d'être long. Edward pose sa main sur ma cuisse, essayant de me rassurer mais j'ai peur. Pas pour moi mais pour ceux que j'aime. Et rien ne saurait me rassurer à ce moment.


***


Une heure et demie que nous roulons. Carlisle a envoyé un message sur nos portables pour nous prévenir qu'une chevrolet grise ainsi qu'un fourgon s'alternaient pour nous suivre depuis notre départ de Colsgrow. J'ai la poitrine compressée. L'anxiété me gagne. Je pense que c'est la même chose pour Edward mais il ne montre rien.
'Tu devrais appeler Alec', me dit-il soudain, me prenant au dépourvu.
'Quoi?'
'Seuls lui et Marcus sont en mesure de te protéger efficacement.'
'Mais je pensais que...'
'Ils tiennent à toi. Tu te dois de les mettre au courant. C'est moi qui te le demande Bella'.
'Tr... très bien'.
Je prends mon portable et explique la situation à Alec. Comme j'aurais pu l'imaginer, il s'affole à l'autre bout de la ligne.
Moins d'un quart d'heure après avoir raccroché, je reçois un message.
J'ai prévenu mon oncle.
Il a envoyé son service de sécurité à travers tout l'immeuble.
Tout sera en place d'ici une demie-heure.
Sois prudente. Je t'aime tant.
A.
Je préviens Edward des mesures prises par Alec et Marcus, me gardant bien de lui lire les derniers mots.
'Je savais qu'ils seraient efficaces', me dit-il dans un sourire.


***

Nous arrivons devant mon immeuble une quarantaine de minutes plus tard. Des gardes sont déjà postés à l'entrée. Alors que nous arrivons à l'ascenseur, nous sommes stoppés par Alec et Marcus.
Edward serre la mâchoire alors que je me jette dans les bras de Marcus.
'Ma chérie, je voulais juste être sûr que tu étais bien arrivée.'
'Je vais bien Marcus. Et Edward passe la nuit avec moi, ne t'en fais pas.'
Alec me transperce de ses yeux bleu océan. Je peux y lire son inquiétude et toute l'intensité de ses sentiments. Il pose une main sur mon épaule en guise de salut alors qu'Edward et moi montons dans l'ascenseur. Seule la fermeture des portes aura raison du regard que se lancent Edward et Alec.
Nous entrons dans mon appartement et Edward appelle tout de suite son père.
J'en profite pour emmener nos bagages dans ma chambre et pars prendre une douche.
Je laisse la vapeur de l'eau brûlante envahir la salle de bain, chauffant ma peau. Je suis perdue dans mes pensées quand deux bras encerclent ma taille, me collant le dos contre le torse musclé d'Edward.
Il m'embrasse dans le cou et commence à me savonner.
'Tout le monde est rentré sans encombre mon cœur. Tu peux te détendre.'
Je me retourne et passe mes bras derrière sa nuque.
'Et je connais un truc génial qui pourrait me détendre', lui dis-je en l'embrassant.
Aussitôt, je sens son sexe se dresser contre mon ventre.
'Avant, j'aurais un petit truc à te dire', me répond t'il énigmatiquement.
'Et c'est quoi ce petit truc?'
'Tu vois là-bas sur la tablette en verre le gobelet avec nos deux brosses à dents ? Et bien je voudrais qu'elles s'y trouvent tous les matins...'
Je reste muette en contemplant le fameux gobelet puis me retourne à nouveau vers Edward.
Il me fixe, les yeux brillants.
'Vis avec moi, Bella.'



***


Cette nuit-là, alors que nous faisons l'amour avec l'intensité d'un couple qui a décidé de partager ses jours dans le même lieu, un fax arrive à la brigade criminelle de New-York. Le portrait robot que j'ai fait faire suite à notre désastreuse perquisition.
Le portrait robot de l'assassin de ma mère.

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