Sur la ligne jaune - Chapitre 12

Publié par Lili Vamp' , dimanche 10 octobre 2010 11:51


CHAPITRE XII
- Clumsiness and betrayal -



Edward's POV

'Arrête Ed! Ca ne sert à rien ce que tu fais. Elle sera en sécurité chez Jacob, ton père a raison', me dit Jasper en me poussant vers sa voiture.
'Ce type n'attend que ça pour lui sauter dessus! Ca équivaut à lui éviter un danger pour lui en faire courir un autre! Non, mais tu as vu le regard qu'il m'a jeté? Il me défie ce connard! Il prend Bella pour un trophée et elle mérite mieux que ça'.
'N'exagère pas, Ed. Certes, il ne te porte pas dans son coeur mais je crois qu'il en pince sincèrement pour ta coéquipière'.
'Génial... Et je devrais m'en réjouir?'
'Mais tu t'attendais à quoi? Bella est belle et intelligente, elle est très attirante. Bien sûr que d'autres tentent leur chance. Et je crains que Jacob ne soit pas le dernier à s'intéresser à elle. Il va falloir t'y faire, gars'.
'Je ne peux pas m'y résoudre, Jazz. Je sais ce que tu penses de tout ça mais je ne peux me contenter d'être juste le coéquipier avec qui elle a couché. Je te jure que j'ai essayé mais c'est plus fort que moi'.
'Je crois que je l'avais compris, Ed. Ceci dit, ce n'est pas en te comportant de la sorte que tu gagneras ses faveurs'.
Silence.
'Jazz.... Je n'aurais jamais du la laisser rentrer seule tout à l'heure. Elle a failli se faire tuer par ma faute. Mais quel coéquipier je fais?', reprends-je.
'Elle s'en est très bien sortie. Elle sait se défendre et elle a de l'instinct. Et puis elle ne voulait pas qu'on la raccompagne. Qu'allais-tu faire? La filer? Tu as vu où ça t'a mené la dernière fois?'
'Dans son pieu... Et je n'aurais pas été contre un second round, Jazz. Ceci dit tu n'as pas tort. Je ne peux aller contre sa volonté.'
Nous montons dans la voiture de Jazz.

Arrivés chez lui, Jazz m'installe une couverture et un oreiller sur son canapé.
Alors que je me brosse les dents dans la salle de bain, je l'aperçois accoudé au chambranle de la porte. Il a l'air pensif.
'Qu'est-ce qu'il y a, Jazz?'
'Rien. Je réfléchissais juste à un truc que m'a dit Bella tout à l'heure'.
'Ah, oui? Quoi?'
'Elle ne pense pas que son agresseur était venu pour la tuer. D'après elle, il voulait seulement lui faire peur'.
'Elle a du te dire ça pour te rassurer. Tu la connais, elle a tendance à minimiser les faits pour ne pas nous inquiéter.'
'Ouais mais là, ça semble probable. Je veux dire, il aurait très bien pu la tuer pendant la première agression, dans sa chambre'.
'C'est ce que j'aurais fait à sa place, je suppose'.
'Et puis le vol de ses sous-vêtements... Ca ne colle pas avec la méthode des russes, ça. On dirait un truc plus... personnel'.
'Pourtant elle nous a bien dit que son agresseur parlait russe, non?'
'Mais ce n'est peut-être pas son agresseur qui a volé ses sous-vêtements...'
'Donc ce serait un type qui avait déjà la clé de l'hôtel? Ca me paraît un peu gros'.
'Bon, de toute façon, ça ne sert à rien que je continue à me triturer les méninges, je suis trop crevé pour réfléchir. Bonne nuit Ed'.
'Bonne nuit Jazz'.




***





Je me lève avec une conviction nouvelle : ne plus laisser Bella m'échapper.
J'ai fait une erreur dès le début, attendre qu'elle vienne à moi. Non, c'est à moi de la conquérir, de la convaincre qu'entre elle et moi tout peut être différent de ce qu'elle a déjà connu jusqu'ici, des histoires sans lendemain. Je dois lui montrer qu'elle peut aimer sans craindre que je ne la quitte, d'une manière ou d'une autre.
Je pars me doucher et lorsque je sors de la salle de bain, Jazz dort encore.
Je quitte silencieusement son appartement et hèle un taxi, direction l'immeuble de Jacob.
Lorsque j'arrive à destination, je vais chercher deux cafés au Starbuck juste en face et prends enfin l'ascenseur.
Je salue les deux flics qui attendent devant la porte et frappe doucement. A cette heure, Jacob doit être déjà au bureau.
'Entrez!', entends-je.
Merde! Il est encore là...
J'entre donc dans l'appartement et là...

Jacob tient Bella dans ses bras, l'embrassant longuement sur le front alors qu'elle ne porte qu'une de ses chemises et un boxer que je devine être le sien aussi.
Non! Il n'a pas pu faire ça! Profiter de la situation pour la mettre dans son lit!
Pourtant ses gestes envers elle ne souffrent d'aucune équivoque.
C'est quand je vois les lèvres de Jacob s'approcher dangereusement de celles de Bella que je décide de réagir. Je me racle la gorge afin de signaler ma présence.
Ils se retournent brusquement vers moi, prenant enfin conscience de ma présence. Jacob roule les yeux et se place en face de moi, me défiant du regard.
Bella s'écarte, gênée. Elle est si belle seulement vêtue de cette chemise... Mais cette chemise devrait être la mienne!
Je ne peux supporter l'idée que Jacob ait eu droit à la même nuit que Bella m'avait offert. C'est intolérable! C'est notre moment à nous, il ne peut être qu'unique.
La colère monte en moi et je serre les gobelets de café plus que de raison.
'Tu m'as apporté un café, Eddy? Comme c'est mimi! J'espère qu'il y a de la crème et un sucre!', me dit alors Jacob avec un sourire triomphant.
'Va te faire foutre, Jacob!', craché-je hors de moi.
'Bah alors, on n'est pas du matin?'
'Je t'interdis de t'approcher d'elle!'
'Sinon quoi? Tu me menaces? Bella est libre de trouver du réconfort dans les bras de qui elle veut'.
'Du réconfort? Ne me prends pas pour un idiot! Tu profites de la situation pour la mettre dans ton lit!'
'Ca ne te regarde pas et je ne profite pas d'elle. J'essaie juste de la protéger'.
'Elle est ma coéquipière! Alors oui, ça me regarde... Et c'est à moi de la protéger!'
'Et c'est vrai que tu as été parfait dans le rôle de protecteur cette nuit! Quelle belle réussite! Bella a failli mourir et tu n'étais pas là!'
'C'est faux!'
'Ah oui? Et tu étais où quand elle a surpris ce type dans sa chambre? Quand il a passé son couteau sur sa gorge? Quand elle l'a poursuivi dans le noir? Et quand elle a été blessée? Hein? Tu faisais quoi?!!! Sois lucide, Edward. Tu aurais du être là pour elle et tu as merdé alors ne viens pas me reprocher de l'avoir fait à ta place!'
Touché... Mais pas coulé.
Le café s'étale sur le sol alors que je me jette sur lui.
Je croise le regard affolé de Bella. Je sens qu'elle est atterrée par notre comportement mais il est trop tard pour revenir en arrière... et puis j'ai une sérieuse envie de me défouler sur la gueule d'ange du peau-rouge!

Les coups pleuvent. Je me suis toujours bien battu mais je dois reconnaître que Jacob a une bonne droite.
Je ne sais pas depuis combien de temps nous nous cognons, là, allongés sur le sol, comme deux ados boutonneux mais le fait est que lorsque nous nous sentons enfin rassasiés du trop plein d'amertume, Bella a disparu. Une odeur de gel douche flotte dans la salle de bain et la chambre est vide et débarrassée de toute trace d'elle.
Jacob me fixe, une main faisant craquer sa nuque nouée, un pauvre sourire sur les lèvres.
'On a merdé mon gars', me dit-il.
'Elle est partie sans même que je m'en aperçoive', ajouté-je.
'Je te sers un café?'
'C'est pas de refus...'
Il me tend une serpillière.
'Tu ramasses tout ça d'abord... Et les frais de nettoyage du tapis sont pour ta gueule'.
J'obtempère piteusement et m'assois au bar pendant que Jacob nous sert un café.
'Je n'ai pas l'intention d'abandonner sous prétexte qu'elle est ta partenaire et que tu ressens je ne sais trop quoi pour elle', me dit-il alors.
'T'as eu ce que tu as voulu cette nuit, non? Alors fiche-lui la paix maintenant. Tu n'obtiendras rien de plus d'elle'.
'Attends là... Tu crois... que j'ai couché avec Bella?'
'Elle portait ta chemise et ton boxer pendant que vous vous faisiez des mamours alors pas besoin d'être flic pour en conclure que vous n'avez pas joué au scrabble!'
'T'es franchement trop con mon gars! Pour qui tu me prends? J'ai dormi dans mon canapé pendant qu'elle a passé ses quelques heures de sommeil à crier de terreur dans ma chambre! Comment aurais-je pu en profiter? Je ne suis pas ce genre de personne, Edward!', s'emporte Jacob.
'Et comment tu expliques ta chemise et ton boxer sur elle, alors?', m'énervé-je.
'Quand on est rentré, elle s'est rendue compte que ce sale type lui avait aussi piqué sa nuisette. J'ai juste voulu lui rendre service. Après, c'est vrai que j'aurais pu lui proposer mon jogging mais je n'ai pas pu résister au plaisir de la voir vêtue ainsi... De toute façon, tu aurais fait pareil, non?'
'Je... ne sais pas... peut-être... oui', avoué-je.
'Il se passe quoi entre toi et Bella?'
'Je ne sais pas trop. Et puis je vois pas en quoi ça te regarde, Jacob'.
'Juste que je voudrais comprendre comment on en est arrivé là, c'est tout'.
'Et toi, tu ressens quoi pour elle?'
'Elle est spéciale. Rien à voir avec les autres femmes que j'ai pu rencontrer. Elle est si... désirable, si différente. Je voudrais qu'elle me laisse entrer dans sa vie. Avec moi, elle pourrait se sentir en sécurité'.
Merde. Il est amoureux ce con! Jamais je n'aurais pu imaginer ça. Lui d'habitude si arrogant, en train de se confier telle une fillette à son principal concurrent. Il doit être sacrément mordu. Mais, en même temps, ne le suis-je pas?
Gêné par la confession de Jacob, je me lève brusquement et enfile ma veste. Avec ces conneries, je suis déjà en retard.
'Je dois y aller. Salut.'
Au moment où je passe la porte, Jacob m'interpelle.
'Je n'ai aucune intention de laisser tomber!'
'Moi non plus', réponds-je pour moi-même.




***





Je passe une matinée de merde. J'ai mal partout. Sans compter que Jazz et mon con de frangin n'arrêtent pas de me charrier depuis que je leur ai dit ce qu'il s'est passé ce matin avec Jacob.
Comme à son habitude, j'ai essuyé une salve de reproches de la part de Jazz et Emmett profite du moindre moment pour m'imiter en train de boxer, ce qui fait bien rire le reste des enquêteurs.
Je n'arrive pas à me concentrer sur les dossiers. Je ne sais pas où est Bella. Je ne sais même pas si elle me parlera à nouveau ou si elle acceptera que je l'aide à déménager ce soir.

Quand arrive l'heure de la pause déjeuner, je pars manger avec Jazz et mon frère.
Nous nous trouvons une petite table dans la sandwicherie juste en bas de la brigade. Je me place face à la vitre, histoire de voir quand Bella arrivera.
Emmett et Jazz me regardent d'un air soupçonneux, ayant tout de suite repéré mon stratagème.
'Putain frérot, t'aurais quand même pu me le dire que tu craquais pour Bella!', me dit Emmett, la bouche-pleine.
'Pour que tu le cries sur les toits? Que toute la famille et la brigade soient au courant et que tu me dispenses tes conseils de drague fumeux? Non, merci Em!'
Nous rions tous les trois.
'Qu'est-ce que tu vas faire si Jacob rapporte votre bagarre à ton père?', me demande Jasper, ayant tout à coup repris son sérieux.
'Je ne crois qu'il le fera, Jazz. Il joue aussi sa réputation'.
'Ouais mais il est prêt à tout pour avoir Bella, frangin. Alors méf'!', intervient Emmett.
Je reste pensif quelques secondes, me demandant pourquoi Bella n'a toujours pas franchi la porte de la brigade alors qu'elle devrait déjà être en rendez-vous avec mon père.
'Je devrais appeler Bella. Elle n'a toujours pas passé la porte de la brigade et je voudrais être sûr qu'il ne lui est rien arrivé.'
'C'est pas une bonne idée frérot. Et puis elle est déjà au bureau', me dit Emmett.
'Et comment tu sais ça toi?', lui demande Jasper, m'ôtant les mots de la bouche.
'Ben quoi? Mon espionne préférée m'a envoyé un texto il y a 20 minutes pour me prévenir que Bella avait passé la matinée avec elle à la morgue et qu'elle venait juste de monter pour taper son rapport'.
Cette nouvelle me rassure immédiatement.
'Dis-moi Emmett, je trouve que tu as souvent recours à ton espionne qui vient du froid ces derniers temps', dit Jazz d'un air malicieux.
'J'vois pas c'que tu veux dire', grommelle Emmett.
'Avoue que tu l'aimes bien la jolie Rose...', ajouté-je.
'Ouais... je l'aime bien... Mais cette fille est complètement cintrée! C'est vrai quoi! A chaque fois que je la croise elle me complimente sur une partie interne de mon anatomie genre « tu dois avoir des poumons surdéveloppés avec la carrure que tu as » ou « j'adore la 3ème phalange de ton index » ou encore « tu as le fémur solide, c'est signe de bonne santé ». Non, les gars, sérieux, cette nénette me fait peur!'
Nous éclatons tous de rire. Comment un type aussi grand et costaud que mon frère peut-il être effrayé par une grande blonde séduisante?
'La peur est un premier signe d'attachement Emmett! La prochaine fois qu'elle te fait un compliment sur ta rate, saute-lui dessus!', renchérit Jazz.
'Même pas drôle...', boude mon frère.






***




Cela fait déjà de longues minutes que je surveille la porte du bureau de mon père. Il est en pleine discussion avec Bella et j'ai un mauvais pressentiment.
Lorsqu'elle sort enfin, elle tient des papiers et le bouquet de fleurs que Jacob a apporté ce matin. A ma surprise et pour mon grand plaisir, elle le jette derechef dans la petite poubelle à côté du bureau de mon père.
Je souris intérieurement. Dommage Jacob...
Mais le sourire est de courte durée. Bella prend son après-midi et elle vient de refuser l'aide d'Emmett pour son emménagement, prétextant que ses meubles n'arriveront que ce week-end. Je sais qu'elle ment. Maman m'a confirmé qu'elle signait les papiers à 16h00.
Quand elle annonce ce qu'elle fera de sa soirée, je serre les dents. Tout ça est de ma faute. Je voulais la convaincre que j'étais différent, au lieu de ça je la pousse à nouveau dans ses travers.
Je la laisse partir, désemparé, sous le regard réprobateur de Jasper.
'Edward! Dans mon bureau! Maintenant!', m'interpelle mon père.
C'est officiel. C'est la merde.
Jazz et Em me tapent sur l'épaule en signe d'encouragement.

J'entre dans le bureau de mon père et prends place en face de lui.
'Bella vient de me remettre sa demande de mise à disposition', m'annonce t'il sans introduction.
'Quoi?!!!', m'exclamé-je angoissé.
'Tu as très bien compris. Elle veut quitter la brigade, et ça n'a rien à voir avec son agression'.
'C'est... c'est à cause de moi?'
'A toi de me le dire. Elle m'a assuré que non, mais je ne la crois pas. Elle s'entend très bien avec le reste de l'équipe et en l'espace de quelques jours je vous ai vus vous engueuler et vous battre plus souvent qu'en 25 ans de visionnage de football...'
Je soupire.
'Je suis tombé amoureux d'elle, papa. Et ça me rend con.'
'Alors ta mère avait raison...'
'Maman?'
'Elle a remarqué que tu avais changé ces derniers temps et sa visite de l'appartement avec Bella n'a fait que confirmer ses doutes'.
Nous nous sourions. Maman est si attentive à tous ces petits détails qui nous échappent.
'Et qu'est ce qu'elle en pense?'
'Elle jubile littéralement. Elle aime beaucoup Bella. Comme toute la famille d'ailleurs'.
'Alors tu ne m'engueules pas?'
'Non. J'espérais juste que tu finirais par venir m'en parler avant que je n'aie à te convoquer...'
'Papa, je te jure que j'y ai pensé mille fois mais je n'ai pas osé. Je ne voulais pas compromettre Bella'.
'Je sais Edward. Ceci dit, tu comprendras que je ne peux décemment pas vous laisser travailler ensemble. Je vais te mettre avec Jasper et je vais associer Emmett à Bella. Tu y vois une objection?'
'Non, au contraire. C'est... parfait', dis-je à la fois déçu et soulagé.
'Je suis juste étonné que tu veuilles bien continuer à nous faire bosser dans la même équipe', continué-je.
'Vous faîtes du très bon travail ensemble. Et je ne tiens pas à vous punir, juste à vous protéger'.
'Merci, papa. Je ne sais pas quoi dire'.
'Tu aurais du juste me faire confiance plus tôt'.
'Je sais oui, j'ai déconné'.
Je me lève et m'apprête à partir lorsque mon père me retient.
'Tu sais que tu as un sacré concurrent en la personne de Jacob Black...'
Je grimace.
'Jacob est un type bien et il tient à elle. Il a toutes ses chances, tu sais.'
'Et tu me conseilles quoi?'
'Tu es un Cullen, bats-toi... Mais pas comme ce matin je te prie!'
Jacob avait donc craché le morceau...
'Et en conseil moins abstrait?'
'Je ne suis qu'un homme, Ed. Si tu veux du concret, appelle ta mère!'
Mon père me tape affectueusement dans le dos et je quitte son bureau.



***



Il est presque 23h00 lorsque je quitte mon appartement. En ce moment, Bella est peut-être dans les bras d'un autre et je ne supporte pas cette idée. Je ne trouverai pas le sommeil de si tôt.
Alors je fais ce que j'ai l'habitude de faire quand j'ai besoin de me vider l'esprit, je vais au « Dolce Notte », le bar de Paul, un vieux copain de fac. Il y possède un piano et lorsque j'en ai besoin, je vais en jouer.
J'arrive donc devant le piano-bar. J'entre. Le bar est vide et Paul s'apprête à fermer.
Il m'accueille dans un grand sourire.
'Ed! Ca fait plaisir de te revoir vieux frère! Qu'est-ce que tu bois?'
'Un double whisky sec Paul. Merci'
'Toi? Un whisky sec? T'as abandonné ton traditionnel gin-martini?'
'Une longue histoire...'
'Je vois ça. Le piano est toujours au fond. Je t'apporte ton verre dans une minute'.
'Merci, vieux.'
Je me dirige vers le piano, m'installe et me mets immédiatement à jouer.

Je ne sais depuis combien de temps je joue. J'en suis à mon troisième whisky quand j'entends le carillon de la porte d'entrée du bar.
En moins de quelques secondes, mon petit lutin préféré est accoudé au piano.
'Salut ma chérie. Qu'est ce que tu fais ici?'
'Salut Eddy. Je suis passée chez toi après le boulot et quand j'ai vu que tu n'y étais pas je me suis doutée que je te trouverais ici. Em m'a prévenue pour Bella. Je me suis dit que tu avais besoin de ta petite soeur'.
'Em ne sait vraiment pas tenir sa langue...'
'Il est inquiet, c'est tout.'
'Je sais, oui'.
'Ca va, toi?'
'Ali, j'ai perdu ma coéquipière et je suis sur le point de perdre aussi la seule femme avec qui j'ai envie de construire quelque chose... Pas génial comme bilan.'
'Tu n'as rien perdu du tout, Eddy. Bella reste dans ton équipe et tu ne vas pas te laisser bouffer par Jacob'.
'Et si elle ne change pas d'avis et qu'elle quitte la brigade?'
'Ca, Rose et moi on s'en occupe!'
'J'imagine le pire...'
'Elle tient à toi, j'en suis sûre.'
'Alors pourquoi a-t'elle refusé notre aide pour emménager?'
'Mais Em m'a dit qu'elle ne recevrait pas ses meubles avant ce week-end...'
'Elle a menti. Maman m'a confirmé qu'elle avait signé les papiers cet après-midi'.
'Oh... Et bien j'imagine qu'elle a voulu en profiter pour rester seule et réfléchir'.
'... Et elle réfléchit en ce moment-même entre les bras d'un autre'.
'C'est à toi de changer les choses, Eddy, et je serai là pour lui ouvrir les yeux. Bella est géniale et je suis convaincue que vous êtes faits l'un pour l'autre!'
'Tu n'es pas objective, Ali'.
'Si, je le suis. J'ai comme une intuition... C'est un truc de famille! Je dois tenir ça de maman!'
Elle s'installe sur le banc à côté de moi et enserre ma taille.
'Je t'aime grand frère'.
'Je t'aime petite-soeur'.





***




Bella a accepté la proposition de mon père et fait maintenant équipe avec Emmett, qui n'a pas l'air du tout mécontent de son sort. Ils forment un duo d'enfer tous les deux, je dois l'avouer, même si ça me file un pincement au coeur. Mais je me dis que c'est déjà bon signe si elle a accepté ce nouveau partenariat. Avec un peu de chance, peut-être restera t'elle à la brigade.
Quoiqu'il en soit, la nouvelle paire semble déjà faire des étincelles.
Ils viennent de partir pour Sing-sing et Jasper et moi allons chercher les résultats de l'analyse de la lettre de menace.
Nous sommes sur la route pour la brigade scientifique lorsqu'un appel radio est envoyé, nous demandant expressément de rentrer.
Jasper installe le gyrophare sur le toit et nous filons à toute vitesse à travers le trafic déjà dense.

Quand nous arrivons dans la salle des enquêteurs, tous les inspecteurs entourent mon père. A leur mine, on dirait qu'on vient de leur annoncer la mort d'un des nôtres et je frémis rien qu'à cette idée.
Mon père termine son laïus et nous rejoint, l'air préoccupé.
'Nous avons un problème. Suivez-moi dans mon bureau, nous serons plus tranquille'.
Jasper et moi nous installons en face de mon père au moment où Jacob entre à son tour.
'Bonjour Jacob, je n'attendais plus que toi', lui dit mon père.
'Sing-sing vient d'appeler, reprit mon père, James a été tué juste après la visite de Bella et Emmett. Ils étaient encore sur place et ont pu pourchasser le suspect qui partait en voiture... Continue, Jacob... je crois que je ne peux pas leur annoncer ça....'
'Le suspect en question est... le lieutenant Mike Newton. Il a tiré sur Bella mais ne l'a pas atteinte. Il a cependant réussi à s'enfuir. Nous avons lancé un avis de recherche', termine Jacob.
Jasper et moi nous regardons sans rien dire, stupéfaits par cette nouvelle.
'On est sûr qu'il s'agit de Mike, Carlisle? Je veux dire, des blonds aux yeux bleus ce n'est pas ce qui manque ici et Jacob vient de nous dire qu'Emmett et Bella lui couraient après, ils auraient très bien pu se tromper, non?', finit par dire Jasper.
'Il n'y a aucun doute possible Jasper. Le registre des visites montre clairement que Mike venait le voir en dehors des horaires de service', lui confirme mon père.

A peine avons nous fini d'apprendre la nouvelle que les gars de l'inspection générale sont déjà en train de vider le bureau de Mike, mettant tout sous scellé.
J'essaie de contacter Tyler à plusieurs reprises mais je tombe à chaque fois sur son répondeur.
L'après-midi passe sans que Jasper et moi n'échangions un mot. Aucun de nous ne veut croire que Mike est un traître, encore moins qu'il a visé Bella...
Je remercie intérieurement mon frère d'avoir été là pour la protéger.







***




Il est presque 21h00 lorsque je quitte enfin la brigade. Je n'arrive pas à penser à autre chose qu'à Mike. Emmett, Mike et moi étions ensemble à l'école de police. Je pensais bien le connaître. J'ai les larmes aux yeux par la colère et la déception. Comment se fait-il qu'aucun de nous n'ait rien remarqué? Bordel!
Je marche sans trop faire attention et je m'aperçois soudain que je me suis réellement éloigné du parking.
Je peste contre moi-même.
C'est là que je vois cette silhouette que je reconnaîtrais entre mille. Bella est en train de rentrer chez elle, une cigarette à la bouche.
Je rattrape le peu de distance qui nous sépare quand celle-ci dérape sur une plaque de neige verglacée et je la retiens au dernier moment.
'Tu devrais faire attention où tu marches, Swan'.
'Euh... oui... on dirait'.
Je la tiens toujours par la taille, trop heureux de sentir son contact si chaleureux.
'Edward... Tu pourrais...'
'Dé... désolé'.
'Qu'est ce que tu fiches ici? Ce n'est pas vraiment ton chemin. Et puis à pied, tu n'es pas près d'arriver'.
'J'avais besoin de marcher...', lui réponds-je dans le vague.
'Mike?'
Elle a deviné et je peine à masquer mon désarroi.
'Oui. Je n'arrive pas à réaliser. Ce fils de pute s'est foutu de notre gueule pendant tout ce temps!', avoué-je.
Je suis à bout de nerfs. Je sens mes yeux briller par l'envie de pleurer. Je serre la mâchoire.
'Swan...', articulé-je avec peine.
Je la fixe. J'ai tellement besoin d'elle à cet instant, la sentir contre moi, la voir me sourire.
Je me lance maladroitement.
'Swan... Je sais que je ne te mérite pas et que j'ai fait le con mais là, avec cette histoire de Mike... je me sens perdu. J'ai besoin de toi...'
Elle s'approche de moi, me couvrant de son magnifique regard chocolat.
'Je suis là Edward', murmure-t'elle en caressant mes cheveux.
C'est tout ce dont j'ai besoin. Ses bras, sa peau, son odeur...
Je me mets à sourire lorsque j'entends son ventre émettre de petits gargouillis.
'Avec toute cette histoire, tu n'as rien du manger de la journée', lui dis-je en enlevant les flocons de neige sur son visage.
'Pas faux. Tu as un remède contre ça?'
'Je connais un bon resto dans le coin et...'
'Non', me coupe t'elle.
Edward, mon vieux, tu es allé trop loin. N'en demande pas trop si tu ne veux pas qu'elle déguerpisse en courant!
'Désolé, je ne veux pas que tu penses que j'essaie de profiter de la situation et, ouais, je crois que le resto n'est pas une bonne idée...', me reprends-je, penaud.
'En effet, ce soir c'est moi qui te dorlote alors pas de resto, je t'invite à manger une pizza surgelée au beau milieu des cartons!'
C'est bien la dernière proposition à laquelle je m'attends! Mais oui, définitivement, quand bien même elle vivrait dans un squatt que je voudrais passer quelques heures supplémentaires auprès d'elle!
'Ca me convient très bien', lui souris-je.
Elle glisse son bras sous le mien et nous cheminons silencieusement vers son appartement.





***




'Je suis vraiment désolée pour tout ce bazar. Je comptais profiter du week-end pour finir de tout ranger et de monter mes meubles', s'excuse t'elle alors qu'elle allume la lumière du salon.
'Pas de souci, nous avons tous connu ça', la rassuré-je.
'Ca ne te dérange pas de faire du feu dans la cheminée pendant que je nous prépare de quoi manger?'
Je m'exécute sur le champ.
Je me sens bien. Le temps d'une seconde, j'ai l'impression que Bella et moi formons un vrai couple, elle préparant le dîner pendant que j'allume la cheminée...

Nous mangeons chacun d'un côté du bar. Elle me raconte sa journée avec Emmett, la mort de James et quelle a été sa surprise lorsqu'elle a vu Mike la viser.
A cette dernière allusion, je ne peux m'empêcher de serrer violemment les poings.
Bella le remarque et prend alors délicatement ma main.
'Ca te dit une veillée auprès d'un bon feu de cheminée?'
J'acquiesce et me laisse mener.

'Edward, ça va aller?', me dit-elle alors que je fixe le feu depuis plusieurs longues minutes.
Nous sommes tous les deux installés sur une couverture moelleuse que Bella a préalablement installé.
'Oui. Ce petit repas improvisé m'a fait le plus grand bien. Merci pour tout, Swan. Je vais y aller, il se fait tard'.
Elle prend mon visage entre ses mains.
'Tu n'iras nulle part, Edward. Pas ce soir...'
Elle rapproche doucement ses lèvres des miennes alors que mon coeur s'affole.
'Laisse-moi te protéger', murmure t'elle alors.
Je ne réponds pas et me jette amoureusement sur sa bouche si délicieusement offerte.

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