Sur la ligne jaune - Chapitre 11

Publié par Lili Vamp' , dimanche 10 octobre 2010 11:48


CHAPITRE XI
- Rock in jail -




Le réveil sonne sur mon immense gueule de bois.
Comme premier matin dans mon nouveau « chez moi », j'aurais pu faire mieux. En même temps, c'est un réveil qui me ressemble...
Je prends une douche rapide et m'habille chaudement. Ils ont annoncé de la neige aux infos et c'est vrai que le ciel est déjà cotonneux.
Je ne prends même pas le temps d'un petit-déjeuner. Charlie me tuerait s'il l'apprenait.
Je fais les 10 minutes à pied qui séparent mon appartement de la brigade la clope au bec.
Je respire un grand bol d'air avant de pénétrer dans le poste. L'ambiance que j'y ai laissée hier était loin d'être détendue.

Je suis surprise de voir que c'est Emmett qui est à mon bureau, Edward ayant pris sa place auprès de Jasper.
'Qu'est-ce qui se passe?', demandé-je en faisant un signe de salut.
'Carlisle voulait que les meilleurs bossent ensemble et il n'a trouvé que moi pour former un duo de choc avec toi... Ce n'est pas un secret que Jasper et Edward sont des fiottes!', me répond Emmett en riant.
'Désolée ma belle. Je sais que tu aurais préféré bosser avec moi!', ajoute Jasper en m'embrassant bruyamment sur la joue.
'Et alors, ton coup d'hier soir, c'était comment?', me questionne Emmett malicieusement.
'Eh! Emmett! Qu'est ce que ça peut te foutre?!', rétorque Jasper amusé.
'Ben quoi? Bella est ma partenaire maintenant alors j'ai le droit de tout savoir sur ses activités sexuelles', répond t'il en faisant mine de se vanter.
'Un peu crade... Mais c'est ce dont j'avais besoin. Par contre vous n'auriez pas une aspirine parce que je traîne une foutue gueule de bois et comme vous n'arrêtez pas de parler, ce n'est pas près de s'arranger!', leur dis-je nonchalamment.
Jasper me tend une aspirine et un verre d'eau.
Edward semble écouter notre conversation mais ne réagit pas. Il évite soigneusement mon regard, fixant ses mains. Je le trouve pitoyable et une folle envie de le frapper m'assaillit.
'Laisse tomber, Bella. Il s'en remettra', me dit Jasper d'un ton rassurant alors qu'il vient de surprendre mon regard vers Edward.
'Bella? J'ai quelque chose pour toi!', m'interpelle Carlisle de son bureau resté entrouvert.

J'arrive dans la petite pièce et Carlisle m'accueille dans un sourire.
'Ecoute, j'ai gardé ta demande de mise à disposition dans mon tiroir. Je veux que tu fasses équipe avec Emmett. Donne-nous une semaine. Si ça te convient, tu restes. Si ça ne va pas, je ressors ta fichue demande du tiroir. Je te demande juste d'essayer. Personne ne tient à ce que tu quittes la brigade. Tu as des amis ici...'
'Ok. Je vous dois bien ça. Mais une semaine. Emmett est un bon flic. Je vais essayer.'
'Merci Bella'.
'De rien, Carlisle. C'est moi qui vous remercie', dis-je en quittant son bureau.
'Attends! Jacob est passé tôt ce matin. Il m'a dit de te faire passer ça. Ce sont les autorisations nécessaires pour visiter James en cellule.'
Je prends les documents qu'il me tend.
'....et il m'a donné ça aussi', termine Carlisle en me montrant un énorme bouquet de roses jaunes derrière son fauteuil.
Il me regarde d'un air gêné.
Je prends le bouquet et lis la petite carte qui s'y trouve.

Je me suis vraiment comporté comme un idiot.
Excuse-moi, je t'en prie.
Ne me rejette pas, donne-moi une autre chance.
Laisse-moi au moins l'occasion de me racheter...
J'attends un signe de ta part.
Jacob

Je quitte le bureau de Carlisle avec mes autorisations et mon bouquet sous le bras.
Jasper, Emmett et Edward ont un regard ahuri en voyant les fleurs que je jette immédiatement dans la poubelle, accompagnées de la carte.
Je m'approche d'Emmett.
'Ca te dit une ballade? Je te promets une vue imprenable sur l'Hudson', minaudé-je devant mon nouveau coéquipier amusé.
'Sing-sing?', me demande t'il en levant un sourcil.
'Une visite à un vieil ami...', continué-je.
'J'aime quand tu me parles comme ça! On y va!'
Nous enfilons nos manteaux et partons.




***



Nous arrivons à Sing-Sing alors qu'il commence à neiger.
Nous passons le portique et présentons nos badges et autorisations à l'un des gardiens.
'Lieutenants Swan et Cullen. Brigade Criminelle de New-York. Nous venons voir le détenu James Kuriekov', dit Emmett.
'C'est bon. Je vais prévenir mes collègues de votre arrivée. Veuillez déposer vos armes de service, signer le registre des visites et attendre dans le SAS', nous répond le gardien.
Je pose donc mon arme sur le comptoir et m'empare d'un stylo afin de signer le registre.
J'en profite pour le consulter. Voyons.... Colonne « visité »... J. Kuriekov.... On ne peut pas dire qu'il ait beaucoup de visiteurs...
'Oh!', m'exclamé-je soudain.
Emmett me regarde, surpris, et s'approche de moi.
'Qu'est ce qu'il se passe? Tu ne sais plus écrire? T'as qu'à faire une croix!'
'Emmett... le seul visiteur que James ait eu est... Mike'.
'Normal, c'était lui et Tyler qui étaient chargés d'interroger James'.
'Je veux bien mais passés les deux premiers jours, il n'y a plus que lui qui soit venu. Et chaque soir après les heures de service...'
'Il est assidu. Je connais Mike depuis l'école de police. Il ne lâche rien tant qu'il n'a pas obtenu ce qu'il veut. T'as bien vu comme il est lourd avec toi!'
'Oui, c'est vrai qu'il est persévérant!', dis-je en riant.
Un gros buzz retentit et nous nous entrons enfin dans la tour centrale.
Des centaines de cellules réparties sur trois étages... Ca fait froid dans le dos.
Nous nous dirigeons vers la salle des visites sous les sifflement et les cris des détenus qui ont remarqué ma présence. Emmett me sourit en signe de réconfort.

Nous arrivons dans la salle des visites et James me jette un sourire narquois.
'Lieutenant Swan! Quel plaisir de vous revoir!'
'Ta gueule James où je te fais bouffer la table', le coupe Emmett.
'Que me vaut cette charmant visite?', reprend t'il toujours en me toisant.
'On m'a agressée avant-hier soir mais ça tu devrais le savoir, non?'
'Je n'ai pas la télé dans ma cellule'.
'Ne joue pas au con avec nous! Tu as envoyé quelqu'un pour la menacer!', intervient Emmett.
'Et comment aurais-je fait? Commanditer un gars par télépathie?'
'Tu as certainement des tas d'amis ici...', reprends-je.
'Je suis en cellule d'isolement depuis que je me suis battu avec un gardien. A peine une heure après être arrivé dans ce somptueux hôtel...'
Emmett me regarde et nous restons silencieux quelques instants. Si James a été mis à l'isolement dès le début de son incarcération, comment avait-il fait pour communiquer avec d'autres détenus?
'Déçue, Lieutenant Swan?'
'Pourquoi mes sous-vêtements, James?'
'Quoi?'
'Tu as très bien compris. Pourquoi as-tu fait voler mes sous-vêtements?'
'Je vous ai déjà dit que je n'y étais pour rien!'
'Et ton avocat? Le faux-suicide, tu n'y es pour rien non plus?'
'Nous n'acceptons pas les échecs...'
'Est-ce toi qui l'as fait descendre?'
'Non. Je ne peux rien faire d'ici! Je vous l'ai déjà dit! Et mes amis n'ont pas besoin de moi pour prendre des décisions!!!'
'Revenons aux sous-vêtements, alors.'
'Je n'ai rien à voir avec ça! Et si c'était nous, vous ne seriez pas en train de me parler aujourd'hui! Faire peur ou voler des petites culottes, c'est pas notre méthode.'
Je soupire. Cet interrogatoire ne mène à rien.
'Allez viens, on dégage. On a assez perdu de temps comme ça et on n'obtiendra rien de plus de lui', me dit alors Emmett.
Il fait signe au gardien qui est à la porte et nous nous apprêtons à partir quand James m'interpelle.
'Je ne sais pas qui veut votre peau Lieutenant Swan, mais il n'a pas l'air d'être un rigolo. Vous devriez peut-être partir très loin d'ici. La mort est partout autour de vous'.
'Foutaises!', l'envoie balader Emmett alors qu'il me pousse doucement vers la porte.
Je ne dis rien, trop bouleversée par les paroles de James.




***



Nous traversons la tour centrale guidés par un gardien.
'Fait chier!', jure soudain Emmett.
'Qu'est ce qu'il y a?'
'J'aime pas ce type mais il m'a foutu un doute...'
'Je suis dans le même état de confusion, Emmett. Ce qu'il a dit m'a troublé. Je vois mal la mafia russe se contenter d'un avertissement et me piquer 4 culottes'.
'Alors c'est qui, bordel!'

Nous arrivons devant le SAS quand l'alarme se met à hurler à travers toute la tour.
Le gardien sort son arme et prend sa radio. Il nous ordonne de rester là.
Le bruit est assourdissant et tous mes sens sont en alerte. Nos armes sont encore à la réception, derrière ce fichu SAS qui ne s'ouvrira pas tant que l'alarme ne se sera pas tue.
'Qu'est ce qui se passe, Emmett!?', crié-je.
'Il doit y avoir un problème avec l'un des détenus!', hurla t'il.
Nous restons devant le SAS, immobiles, nos mains couvrant nos oreilles.
Quand l'alarme s'arrête enfin, une dizaine de gardiens et deux médecins se précipitent vers la salle des visites.
Je croise le regard d'Emmett.
'James!!!!', disons-nous ensemble.
Nous courons derrière les gardiens.
Lorsque nous arrivons dans la salle, James est étendu dans une mare de sang.
'Poussez-vous!', hurlé-je aux gardiens qui s'agglutinent pour voir la scène.
Je me penche vers James et Emmett me rejoint.
James me prend la main fermement, dans un dernier effort.
'Ce... n'est... pas moi. Ils sont... partout. Traître... est parmi... vous', finit-il dans un souffle.
'James! Parle-moi! Dis m'en plus! James!', hurlé-je en le secouant, sentant l'hystérie me gagner.
'Bella. Il est mort. Arrête. Viens, on doit retourner à la brigade', me dit calmement Emmett.
Il me saisit par les épaules et m'aide à me relever.

Lorsque nous arrivons à la réception, le gardien nous rend nos armes.
'C'est bête, vous venez de rater un de vos collègues. Il vient juste de partir'.
Ni une, ni deux nous sortons en courant de la prison, arme au poing.
Une voiture est en train de partir en trombe, dérapant sur la fine pellicule de neige qui vient de tomber.
'Putain! Newton!', s'écrie Emmett alors qu'il s'élance en direction de la voiture.
Je le suis en courant et nous nous retrouvons côte à côte, essayant de profiter du manque d'adhérence de la voiture de Newton pour le rattraper.
C'est là que je remarque la fenêtre conducteur s'ouvrir. Mike pointe son arme vers moi dans un sourire démoniaque.
'A terre Bella!!!!!!!', entends-je crier Emmett.
Mais je n'ai pas le temps de réagir, trop choquée qu'un de mes partenaires soit en train de me viser.
Je sens alors un énorme choc sur mes côtes. Emmett vient de se jeter sur moi, m'écrasant de tout son poids contre la neige au moment même où nous entendons fuser une balle au dessus de nos têtes.
Mike est déjà trop loin lorsque nous nous relevons.





***



Nous sommes rentrés à la brigade où nous avons passé le reste de la journée à être interrogés par les enquêteurs des affaires internes.
Lorsque nous revenons enfin dans la salle des inspecteurs, il est déjà 18h00 et tous les gars nous attendent.
L'ambiance est lourde. Je remarque que certains ont même les yeux rougis par les larmes.
Accepter qu'un de leurs plus vieux collègues est un traître ne se fait pas sans douleur.
Carlisle, Jasper et Edward sont à notre bureau, l'air consterné.
'Ca va aller?', nous demande Carlisle plein de compassion alors que nous arrivons à sa hauteur.
'C'est la merde, papa', dit Emmett.
Je croise le regard d'Edward. Il n'y a plus d'animosité, non, mais de l'inquiétude.
'Il va falloir prévenir Tyler. Ca va être un choc pour lui', dit alors Jasper.
'J'ai déjà essayé de le joindre à trois reprises cet après-midi mais je tombe toujours sur son répondeur', ajoute alors Edward.
'Il a pris congé, il a des soucis familiaux. Je me charge de l'appeler dès demain matin, dit Carlisle, mais à présent j'aimerais que vous rentriez tous. La journée a été rude et j'ai besoin de vous demain aux aurores. Il faut qu'on retrouve ce salopard'.
Emmett enfile son manteau, me serre dans ses bras et s'en va.
Je m'apprête à le retenir mais Jasper m'en empêche.
'Ne t'inquiète pas. Je rentre avec lui. Bonsoir Bella'.
Je pars aussi, saluant Carlisle au passage.

J'allume ma 2ème cigarette de la journée, la première datant de ce matin, sur ce même chemin.
J'ai envie de pleurer. Mais quelle merde! Et qu'est ce que peut bien foutre Mike dans toute cette affaire?!
Je suis tellement prise dans mes réflexions que je ne vois pas la plaque de neige glacée et glisse dessus.
Alors que j'attends la chute, quelqu'un me retient par la taille.
Je me retourne.
'Tu devrais faire attention où tu marches, Swan'.
'Euh... oui... on dirait'.
Il me tient toujours par la taille.
'Edward... Tu pourrais...'
'Dé... désolé'.
'Qu'est ce que tu fiches ici? Ce n'est pas vraiment ton chemin. Et puis à pied, tu n'es pas près d'arriver'.
'J'avais besoin de marcher...'
'Mike?'
'Oui. Je n'arrive pas à réaliser. Ce fils de pute s'est foutu de notre gueule pendant tout ce temps!'
Je le sens à bout de nerfs. Ses yeux sont brillants et je ne saurais dire si c'est par le froid ou par l'envie de pleurer.
'Swan...'
Silence. Je le fixe.
'Swan... Je sais que je ne te mérite pas et que j'ai fait le con mais là, avec cette histoire de Mike... je me sens perdu. J'ai besoin de toi...'
Je ne peux résister à son regard émeraude. J'ai l'impression que sa souffrance me transperce l'âme.
Je le prends alors dans mes bras, le serrant le plus fort possible contre moi, comme si mon étreinte pouvait le protéger.
'Je suis là Edward', lui murmuré-je en caressant ses cheveux, comme on le fait à un enfant.
Mon ventre se met à faire des gargouillis.
Il me sourit.
'Avec toute cette histoire, tu n'as rien du manger de la journée', me dit-il en enlevant les flocons de neige sur mon visage.
'Pas faux. Tu as un remède contre ça?'
'Je connais un bon resto dans le coin et...'
'Non', le coupé-je.
'Désolé, je ne veux pas que tu penses que j'essaie de profiter de la situation et, ouais, je crois que le resto n'est pas une bonne idée...'
'En effet, ce soir c'est moi qui te dorlote alors pas de resto, je t'invite à manger une pizza surgelée au beau milieu des cartons!'
Il rit.
'Ca me convient très bien'.
Je glisse mon bras sous le sien et nous cheminons silencieusement vers mon appartement.

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