Sur la ligne jaune - Chapitre 15

Publié par Lili Vamp' , dimanche 10 octobre 2010 11:56


CHAPITRE XV
- Complications -



'Tu sais qu'Edward va péter un plomb lorsqu'il va apprendre que « l'avocat belle-gueule » est ton proprio en plus d'être le fils Volturov...', me dit Emmett alors que nous sommes sur le chemin du retour vers la brigade.
'Je sais oui. Mais je n'y suis pour rien, moi. J'ai la désagréable impression de m'être fait balader depuis le début et ça m'emmerde, crois-moi'.
'Je me doute oui. N'empêche que t'es dans la merde Bella. Tu es directement compromise avec un suspect dans notre enquête'.
'Putain, Emmett! Je lui ai sucé la queue, pas confessé le déroulement de l'enquête sur l'oreiller!', m'emporté-je.
'Ok... ok... Pas la peine de t'emporter. Je sais que t'es une pro et je te fais confiance mais Carlisle et Jacob risquent de te retirer de l'affaire. Ce n'est pas une question de confiance là non plus, mais ça pourrait nous coûter un non-lieu si on arrive à inculper les Volturov', me calme t'il.
'Alors qu'est-ce que tu me conseilles? Me mettre au vert, c'est ça?'
'Je parlerai à mon père. Je suis de ton côté Bella, n'en doute pas'.
'J'ai la trouille, Emmett.'
'La trouille, toi?'
'J'ai l'impression d'avoir perdu tout contrôle dans cette histoire'.
'Tu parles de l'enquête ou de mon frère?', me dit-il dans un sourire malicieux.
'Mais tu crois franchement que je te confierais mes problèmes de coeur avec ton frère?', le nargué-je.
'Ben quoi? J'adorerais connaître sa position favorite, savoir s'il jouit comme une gonzesse...'
'Ta gueule, Emmett!'
'Et... t'es amoureuse?'
Je le fixe en montant les yeux au ciel.
'Bon, j'ai compris... Je ferme ma gueule...', dit il dans un air faussement vexé.




***



Je m'installe silencieusement à mon bureau. Edward, Jasper et Emmett discutent de notre entrevue avec Demetri Volturov.
Je mets ma tête entre mes mains. La migraine ne semble pas loin.
Mais dans quel merdier me suis-je foutue?! Bordel!
Une main sur mon bras me fait tressaillir. Je lève les yeux.
'Je connais Em depuis des années... et là j'ai l'impression qu'il me cache quelque chose sur votre entrevue. Tu peux m'éclairer?', me questionne Jasper.
Jasper... J'avais oublié à quel point il était compliqué de lui mentir.
'Nous n'avons pas rencontré que Demetri...'
'D'accord. Qui d'autre?'
'Son frère...'
'Et?'
'Il s'appelle Alec.. Il est avocat et associé d'Aro lui aussi'.
'Alec... avocat... comme... merde... ne me dis pas que... putain... c'est la belle-gueule avec qui t'as couché lors de notre soirée au QG?'
'ouais...'
'Ca pue...'
'Ce n'est pas tout...'
'Là ma grande, je ne vois pas comment ça pourrait être pire!'
'C'est mon proprio.'
Silence. Jasper a la bouche si ouverte que j'ai peur qu'il ne s'en décroche la mâchoire.
'Ok... pas de panique Bella... ce n'est pas si grave je veux dire... il aurait pu être... '
'Il aurait pu être quoi?', lui réponds-je à bout de nerf devant son incrédulité.
'Ok, c'est la méga-merde. Je te l'accorde', s'avoue t'il vaincu.
'Et maintenant il va me falloir affronter Edward, Carlisle et Jacob. Je ne sais pas si j'aurai la force de supporter une autre confrontation'.
'Bella, je suis là si tu as besoin. Quoiqu'il advienne, tu as tout mon soutien et ma confiance'.
Je souris à ses paroles qui me vont droit au coeur.
'Soutien et confiance pour quoi?', intervient Edward que ni Jasper ni moi n'avons entendu s'approcher.
'Euh, rien... Une broutille... Bon Em, je te ramène ou quoi? Il serait temps si tu ne veux pas que les fleuristes soient fermés avant ton rendez-vous avec la jolie Rose!'
Et sur ce, Jasper me lance un clin d'oeil et part avec Emmett, me laissant seule avec Edward.
'Je te rappelle que tu es invitée au restaurant ce soir. Toujours partante?', me demande Edward avec son plus beau sourire aux lèvres.
'Bien sûr'.

Nous quittons à notre tour la brigade.
Il fait nuit et particulièrement froid, le vent fouette mon visage. Edward me serre contre lui comme nous descendons les marches devant la brigade.
Je sens Edward se raidir.
'Mais qu'est ce qu'il fout ici, lui?', grogne t'il.
Je lève la tête et aperçois alors Alec qui sort de sa luxueuse voiture garée à la hâte sur une place de stationnement interdit.
'Bella, je suis content de te trouver encore ici. Il faut qu'on se parle. Je te dois des explications pour cet après-midi'.
Je le fixe, mal à l'aise. De son côté, Edward s'est un peu écarté suite à la dernière phrase d'Alec.
Merde...
'Cet après-midi. Intéressant...', me dit Edward d'un ton glacial.
'Ecoute Alec, je sais tout ce que j'ai à savoir. On en reste là. C'est mieux', réponds-je à Alec.
'Mais tu ne peux pas me juger juste parce que ma famille se trouve impliquée dans ton enquête, merde!', commence t'il à s'emporter.
'Ce qui fait aussi de toi un suspect', lâché-je sèchement.
'On y va?', reprends-je en tirant sur la manche de la veste d'Edward dans le but de l'éloigner.
'Pas avant que tu m'expliques ce qu'il se passe', me répond t'il en repoussant ma main.
Ok. Plus moyen de tergiverser. Il va falloir que je lui dise.
'J'ai croisé Alec quand Emmett et moi étions en train d'interroger Demetri Volturov. Alec est son frère... et il se trouve qu'il est aussi mon propriétaire'.
La dernière phrase a l'effet d'une bombe. Edward nous défigure rageusement.
'Alors t'as couché avec un type qui se trouve être un de nos suspects dans cet enquête et, qui plus est, s'avère être celui à qui tu payes un loyer? Bravo Bella! Là tu exploses tous les scores!'.
Sa réplique est cinglante. J'ai le coeur qui se froisse comme du papier et je ne sais pas si je dois pleurer ou lui coller une gifle. Même si, devant l'éternel... il a raison sur toute la ligne.
'Elle n'y est pour rien. Elle ne connaissait pas mon identité et je lui ai volontairement caché que j'étais son nouveau propriétaire. Elle a tout découvert lorsqu'elle m'a vu dans le bureau de Demetri', intervient Alec.
'Elle est flic, elle est sensée connaître l'identité de ceux qui la baisent! Ne serait-ce que pour éviter de tomber sur un tueur en série!', lui répond Edward.
Là, ça fait mal.
'Ne soyez pas injuste avec elle! Tout ça n'est qu'un concours de circonstances'.
'Oh! Et maintenant Volturov junior joue les chevaliers blancs...'
'Qu'est ce qui vous dérange le plus? Le fait que j'ai couché avec elle avant vous ou la peur que je ne vous la reprenne?', dit Alec avec cynisme.
'Je n'ai pas de leçon à recevoir d'un Volturov! Je préfère m'en aller, l'atmosphère est irrespirable par ici'.
Edward tourne les tâlons et me laisse, muette et désœuvrée.
'Edward!', crié-je enfin pour tenter de le retenir.
'Je te laisse avec ton bad boy. Tu n'as pas besoin de moi', me lance t'il sans prendre la peine de se retourner.
Je suis consternée.
C'est vrai que dans cette histoire, j'ai tout faux. Mais bon sang je n'étais au courant de rien avant cet après-midi! Et dire que je voulais tout lui expliquer ce soir...
'Je suis vraiment navré, Bella. Je n'ai jamais voulu ça', me dit Alec.
Il a l'air sincère et réellement désolé.
'Je survivrai...'
'Et... c'est sérieux entre vous? Je veux dire, la dernière fois que je vous ai vus, ça n'avait pas l'air d'être l'entente parfaite...'
'En toute sincérité? Je n'en sais fichtre rien. Je crois que quelque part j'ai voulu croire qu'entre Edward et moi ça pourrait être différent mais apparemment, je ne dois être faite pour ce genre de relation. Je suis une irrécupérable handicapée du sentiment'.
Il me sourit.
'J'ai plutôt tendance à croire que tu es une femme indomptable, intouchable... et que c'est ce qui nous fait rêver nous, pauvres hommes'.
'Si tu ne m'avais pas dit que tu étais avocat, je crois qu'à ce moment même je l'aurais deviné!'
'Je te propose une chose : je te ramène, je te fais un dîner et en échange, je réponds à toutes tes questions sur ma famille'.
'Je ne coucherai pas avec toi, Alec. Je crains que la soirée soit beaucoup moins intéressante pour toi que tu ne l'espérais'.
'Et j'ajoute la clause du « je ne te sauterai pas dessus à moins que ce soit toi qui lance l'offensive », ça te va comme ça?'
'Et tu répondras à toutes mes questions?'
'Tant que je sais y répondre, oui'.
'Proposition acceptée alors'.
'Si Madame veut bien se donner la peine de me suivre jusque mon carrosse', me dit-il en feignant une révérence.
Je roule des yeux et le suis de bonne grâce.




***



En moins de cinq minutes, nous arrivons devant mon immeuble. Alec actionne la télécommande du portail qui mène au parking souterrain de l'immeuble.
J'avais presque oublié qu'il en était le propriétaire. Cette pensée me fait sourire. Nous ne faisons vraiment pas partie du même monde.
Nous prenons l'ascenseur et Alec me raccompagne jusque mon appartement.
'Tu me retrouves d'ici une demie-heure, ça te va?'
'Euh... je ne sais même pas où tu habites'.
Il me lance un sourire malicieux.
'Dernier étage. Pour y accéder, tu dois rentrer un mot de passe à l'aide du clavier situé sous la console des boutons d'accès aux étages.'
'Tu habites dans ce même immeuble?! Whaou... Euh, sinon... quel est ce fameux mot de passe?'
'Fallen angel'.
'C'est... plutôt symbolique', hésité-je.
'Toute l'histoire de ma vie. A tout de suite Bella'.

Je prends une douche rapide, enfile un jean et un pull et prends mon téléphone.
Une tonalité, deux, trois... huit... puis 'bonjour, vous êtes bien sur le portable d'Edward Cullen, laissez-moi un message et je vous rappellerai'.
'Salut... euh... c'est Bella mais ça tu dois déjà le savoir. Je voulais juste te dire que je suis désolée pour ce qui s'est passé ce soir. Je comptais tout te dire pendant le dîner, c'est vrai. Je sais que tout semble contre moi mais j'ai été honnête. Tu ne peux pas m'en vouloir alors que je n'y suis strictement pour rien. Et puis de toute façon, c'est toi qui voulait une vraie relation Edward... mais le fait est qu'on n'arrête pas de se fuir et que je crois que ça ne nous mènera nulle part. Bon, ben... je te laisse... je ne sais même pas pourquoi je m'excuse d'un truc que je n'ai pas fait. C'est nul... je suis nulle'.
Mais quelle idée de m'épancher sur un fichu répondeur téléphonique! J'ai perdu les pédales ou quoi?! En tout cas, la dignité, oui, je l'ai définitivement perdue...
J'appellerais bien Alice mais elle est au QG à cette heure-ci. Quant à Rose, elle doit être en train de se préparer pour son premier rendez-vous avec Emmett. Je peux toujours tenter.
'Salut Bella!', décroche t'elle.
'Salut Rose, je ne te dérange pas? Je sais que tu as rendez-vous avec Emmett et...'
'Mais non tu ne me déranges pas! Un peu plus en haut, non, sur la gauche... D'ailleurs, tu ne devrais pas être au resto avec Eddy?'
'Euh...'
'Non, juste un peu plus bas, c'est ça... Ne me dis pas que vous vous êtes engueulés.'
'Je viens de découvrir qu'Alec est mon propriétaire... et sa famille est considérée comme suspecte dans l'affaire des russes'.
'Merde... Tu t'es fourrée dans un sacré merdier. Non, plus sur la droite, tu y étais presque... Et Edward l'a appris, c'est ça?'
'Oui, et il s'est barré sans dire un mot. Il ne répond même pas à mes appels'.
'Parce que tu l'as appelé? Toi t'es mordue ma vieille! Là... tu y es, ne bouge plus...'
'Rose, il y a quelqu'un avec toi?'
'Oui, Emmett'.
'Et tu en profites pour lui faire poser tes étagères! Toi tu es une femme qui a le sens pratique!'
'Ah, non! Tu n'y es pas du tout ma belle! En fait je le guide juste afin qu'il me prodigue le meilleur cunnilingus de toute ma vie!'
'C'est un cauchemar... dis moi que je rêve! Tu es en train de me parler comme si de rien n'était alors que mon coéquipier a sa langue sur ton clitoris! Rose!!!!', grondé-je.
'Ben, quoi? C'est pas parce que je prends mon pied que je ne dois pas venir à la rescousse d'une amie en détresse...', me dit-elle d'une petite voix adorable
'Je... je vais te laisser Rose... merci... et euh... bon cunnilingus...', réponds-je gênée.
'Salut ma belle! On se rappelle demain!!!', raccroche t'elle enjouée.
Je – suis – maudite!!!!




***




Malgré tout, je prends l'ascenseur avec le sourire aux lèvres.
Rose est... Rose et elle ne cessera jamais de m'étonner! En même temps, avec elle tout est si simple et sans calcul. Tout le contraire d'Edward...
J'arrive au dernier étage. La porte de l'ascenseur s'ouvre sur un énorme loft quasiment dénué de cloisons. Même en pleine nuit avec juste la lumière tamisée des halogènes designs, il paraît très clair.
'Je t'en prie Bella, entre! Tu ne vas pas rester dans l'entrée!', entends-je Alec crier.
'Et comment sais-tu que c'est moi?', réponds-je, taquine.
'Parce qu'il y a une caméra de sécurité dans l'ascenseur!'
'Merde! Je dois être mauvaise flic car je ne l'ai pas remarquée!'
'Normal. Elle est cachée sous le plafonnier!'
Waouh... C'est sûr, on ne vient vraiment pas du même monde.
Je suis le bruit des casseroles qui mijotent et l'odeur plus qu'appétissante. J'en profite pour poser les yeux sur tout ce que je vois. Les couleurs, la lumière, l'agencement du mobilier, les tableaux et autres objets décoratifs... tout a été pensé pour être beau. Je suis vraiment sous le choc et me sens intimidée.
Lorsque j'arrive à la cuisine, Alec est affairé au dessus d'une plaque de cuisson digne des plus grands chefs. Il se retourne et me sourit. Avec son tablier noué autour de la taille, il est tout à fait craquant...
'Je me suis permis de te servir un verre de vin rouge', me dit-il en désignant le plan de travail central où tous les ustensiles sont suspendus à un rail en hauteur.
'Je suis impressionnée... Tu possèdes le véritable attirail du chef 5 étoiles!', finis-je par dire.
'J'adore cuisiner.'
'Donc, pas de cuisinière?'
'Femme de ménage, assistant personnel... mais pas de cuisinière, non.'
'Je peux commencer l'interrogatoire?'
'Non. Tu savoures ton vin, tu t'installes à table et tu m'interrogeras pendant le dîner. Ca te convient?'
'Je crois que je n'ai pas vraiment le choix', conclus-je en appréciant le vin.

Le repas est exquis, tout comme le vin et l'ambiance. Bizarrement, je me sens à l'aise avec Alec. Je ne devrais pas pourtant. Il est un potentiel suspect et notre « amitié » pourrait me coûter l'enquête... et ma carrière. Mais Alec est mon seul lien avec les Volturov et je sens bien qu'ils sont le noeud de cette histoire. C'est là que je dois fouiller, je le sais. Tous mes instincts me guident vers cette famille.
'Qui es-tu, Alec?'
'Alors l'interrogatoire commence?', me demande t'il dans un sourire.
'Tu m'as promis...'
'Je suis Alec Volturov, 32 ans, avocat dans le cabinet de mon père et de mon oncle. Je suis leur associé, au même titre que mon frère Demetri.'
'Ton patrimoine immobilier?'
'Il est énorme. C'est un truc des Volturov, j'imagine. Chacun de nous possède des immeubles, des terrains, des appartements dans les quartiers les plus prisés de New York'.
'Parle-moi de ta famille...'
'Je suis le deuxième des trois enfants d'Aro et Tanya Volturov. L'aîné est Demetri et la petite dernière est Jane. Nous avons tous 1 an de différence. Ma mère a été assassinée lorsque j'avais 12 ans. On l'a retrouvée sur un terrain vague du côté de Brooklyn, la gorge tranchée. On n'a jamais retrouvé l'assassin. Nous avons été élevés par des nurses car notre père était bien trop occupé par ses affaires. Jane en a toujours voulu à notre père. Elle disait qu'avec ses connexions et son argent, il aurait du faire plus pour essayer de retrouver le tueur de maman. Et puis quand elle a grandit, elle s'est de plus en plus rebellée contre lui et mon oncle Caïus. Seul mon oncle Marcus et moi avions grâce à ses yeux. Demetri est entré à la New York university pour apprendre le droit des affaires. Il était un élève plutôt moyen et il a fallu toutes les donations de mon père pour qu'il ait son diplôme.'
'Et toi?'
'J'ai postulé pour l'Ivy League et j'ai été accepté dans trois grandes universités. Comme je voulais rester près de Jane, j'ai donc naturellement choisi Columbia. J'ai obtenu mon diplôme sans problème et j'ai même terminé 5ème de ma promotion, ce qui a fait hurler de jalousie Demetri qui n'a jamais pu intégrer une université de l'Ivy League, malgré les dons faramineux de notre père'.
'Et où Jane a t'elle fait son droit?'
'University of New York, comme Demetri. Elle n'a jamais essayé d'intégrer l'Ivy League, ça ne l'intéressait pas. Pourtant je pense qu'elle avait un dossier assez bon pour y prétendre. Elle a toujours voulu faire du droit pour aider les innocents alors que Demetri a choisi cette branche pour prendre la relève de mon père et mon oncle. Quant à moi, je pense que j'ai fait ça par dépit...'
'Quand a eu lieu le clash entre Jane et ta famille?'
'Un an avant son diplôme, Jane a été stagiaire dans la société familiale. Elle est spécialisée dans le droit administratif et des finances et elle est tombée sur des dossiers... qu'elle n'aurait pas du voir.'
'C'est à dire?'
'Elle n'a jamais voulu me le dire mais connaissant ma famille, j'imagine que c'était un dossier relatant une de leurs innombrables magouilles. Je ne suis pas idiot. Le cabinet brasse beaucoup d'argent, et pas que du propre. Moi je fais semblant de ne rien voir mais ma soeur, elle, ne l'a pas supporté. Elle est partie vivre chez Marcus, a terminé son droit et a vendu tout son patrimoine immobilier pour pouvoir monter son affaire d'aide juridique gratuite dans Brooklyn. Elle s'est installée sur le terrain même où nous avions retrouvé maman des années plus tôt. Mon père était fou de rage et a coupé les ponts avec elle. Marcus, lui, l'a toujours soutenue.'
'Et comment a réagi Demetri?'
'Pendant leur dernière année à l'université, il est sorti avec la meilleure amie de Jane. C'était un coureur et ma soeur a vainement essayé d'en dissuader son amie. Quelques semaines après, celle-ci est tombée enceinte de Demetri et bien sûr, il l'a laissée tomber. Jane était prête à l'aider à continuer ses études tout en gardant le bébé mais son amie était si anéantie qu'elle a abandonné l'université du jour au lendemain. Jane l'a cherchée désespérément pendant plusieurs jours mais quand elle a fini par la retrouver, celle-ci s'était faite avortée par un sagouin. Elle était en piteux état. Elle ne pourra plus avoir d'enfant. Elle a rejeté l'aide de Jane en lui disant que notre famille était le diable personnifié. Jane n'a plus eu la moindre nouvelle après ça. Elle a eu une dispute terrible avec Demetri et ils ne se sont plus jamais parlés'.
'Quelle horreur...'
'Oui, horreur est un mot qui convient bien à ma famille...'
'Et Caïus dans tout ça?'
'Il est... spécial... Enfin je veux dire... je crois qu'il souffre de troubles du comportement. Il est dangereux'.
'Comme le reste de ta famille, non?'
'Non... Tu ne comprends pas. Caïus est un pervers sexuel, il est dérangé. Il est connu dans les milieux sado-masochistes...'
'Tous les sado-masos ne sont pas des gens dangereux, tu sais'.
'Lui oui. Je ne crois pas que le monde sado-masochiste soit son extrême limite. Il aime le sexe, la violence... et la mort. Il n'est pas sain.'
'Pour résumer, seuls ton oncle Marcus, Jane et toi semblez « normaux »'
'Oui', soupira t'il dans un sourire désabusé.
'Pourquoi ta famille est après moi, Alec?'
'J'avoue que je n'en ai pas la moindre idée. Mais s'ils en ont réellement après toi, c'est que tu représentes un danger pour eux.'
'J'ai beau chercher, je ne vois vraiment pas en quoi je pourrais l'être... Je ne suis qu'un flic... Je ne suis pas plus dangereuse que mes partenaires'.
'Alors tu ne cherches peut-être pas dans la bonne direction'.
'Certainement...', réponds-je pensive.



***



Je décide de mettre fin à mon interrogatoire non-officiel. Alec a fait preuve de beaucoup de patience et d'honnêteté. Je sais qu'émotionellement, ça lui a coûté beaucoup. A présent, j'ai l'impression de mieux cerner la famille Volturov.
Alors qu'il me raccompagne vers l'ascenseur qui lui sert de porte d'entrée, je lui pose une dernière question.
'As-tu remarqué si un des membres du cabinet boitait ces derniers jours?'
Ma question paraît le surprendre et il réfléchit.
'Non, je ne crois pas. Il y a bien Félix, un de nos agents de sécurité. Il a la jambe dans le plâtre. Il a chuté en faisant du bricolage chez lui.'
'Il est d'origine russe?'
'Ukrainienne'.
'Grand et costaud?'
'Comme tous nos agents de sécurité, oui'.
'Merci.'
'Tiens', me dit-il en me tendant un bout de papier cartonné.
'Qu'est-ce que c'est?'
'Les coordonnées de Jane. Tu devrais aller lui parler.'
'Tu crois qu'elle acceptera?'
'Si je lui parle de toi avant, oui'.
Je l'embrasse tendrement sur la joue.
'Je ne t'écoeure pas trop après tout ce que tu viens d'apprendre?'
'Non. Tu n'es pas comme eux, Alec'.
'Mais je suis un faible. Je n'ai même pas eu le courage de partir comme ma soeur'.
'Nous le sommes tous. Du moins je le suis aussi. Je passe mon temps à fuir'.
'Tu peux me promettre quelque chose, Bella?'
'Ca dépend...'
'Notre aventure et notre promiscuité risque de te causer des ennuis vis à vis de tes supérieurs. Tu devrais appeler l'adjoint au procureur Black et le prévenir. C'est le seul moyen de te couvrir, parole d'avocat.'
Je réfléchis un instant puis lui souris.
'Je le ferai. Bonne nuit Alec'.
'Bonne nuit Bella. Sois prudente'.
Les portes de l'ascenseur se referment.



***


J'entre dans mon appartement et à ma grande surprise, la lumière du couloir ne s'allume pas alors que j'appuie sur l'interrupteur.
'Merde...', maugrée-je.
C'est là que j'entrevois une silhouette se diriger précipitamment vers moi.
Je n'ai même pas le temps de bouger que je me retrouve collée violemment contre ma porte avec une main étrangère plaquée sur ma bouche.
'Bella, c'est Tyler, ne crie pas, je ne te veux pas de mal.'
Il desserre son emprise sur ma bouche.
'Tyler? Qu'est ce que tu fiches ici? On a essayé de te joindre depuis des jours! Mike...'
Il ne me laisse pas terminer ma phrase.
'Je suis au courant pour Mike. Je suis dans la merde, Bella. J'ai besoin de ton aide. Je ne sais plus à qui faire confiance. Ils veulent ma peau.'
Il visse l'ampoule du couloir et la lumière apparaît.
Il a l'air terrorisé.
'Mais qu'est ce qui se passe, Tyler? C'est quoi cette histoire? Est ce que tu es mêlé en quoique ce soit avec la trahison de Mike?'
'Il faut que tu partes, Bella, au plus vite. Ils sont à tes trousses et ils ne te lâcheront pas.'

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