Sur la ligne jaune - Chapitre 2

Publié par Lili Vamp' , dimanche 10 octobre 2010 11:13


CHAPITRE II
- Smell and scent -


Je me retourne et cherche mon portable à tâtons sur le sol.
'Merde!'
Si je ne me dépêche pas, il va s'arrêter de sonner avant même que je l'aie trouvé!
Ca y est, je mets la main dessus.
'Swan', dis-je en baîllant.
'C'est Edward. Sois en bas de chez toi dans 20 minutes, on a un autre meurtre sur les bras'.
Il raccroche.
Bon... Il est 04h12 et mon coéquipier n'a pas l'air d'être du matin...
Je la sens mal cette journée! Et puis ce mec commence à me sortir par tous les orifices!!!
Non, sérieux. Passée la première impression où il apparaît franchement « baisable », pour le reste, y'a tout à revoir : politesse, amabilité, gentillesse, sourire...
Enfin tout, quoi!
Une petite douche rapide, un jean, des bottes, un pull, un manteau, une écharpe... me voilà prête à affronter le froid mordant d'un novembre à New-York.


***


J'écrase à peine ma clope lorsqu'arrive Edward dans son véhicule de fonction.
Je monte, pas très à mon aise dans ce grand manteau, certes chaud mais pas franchement pratique pour les mouvements.
'Je t'ai pris un café. Il est sur la banquette arrière'.
'Ah? Euh... merci. C'est gentil'.
'De rien. Il n'est pas sucré. Je me suis dit que tu n'étais pas le genre de fille à...'.
'Bien vu. Je ne sucre jamais le café.'
Il passe nerveusement la main dans ses cheveux.
Le silence entre nous est oppressant. C'est officiel : mon coéquipier est un rustre.

Il n'a pas l'air taciturne. Il EST taciturne!
Les conversations ne doivent pas durer longtemps avec lui. Je plains sa femme! Ou plutôt sa copine, il n'a pas d'alliance.
'Et le café, c'est en signe de bienvenue ou puis-je m'y habituer?', dis-je, histoire de détendre l'atmosphère.
'Il fait un froid polaire, Swan. Et on va sur les bords de l'Hudson'.
Au moins ça a le mérite d'être clair.
'Et on va où exactement? Parce que l'Hudson... c'est long'.
'Aux docks.'



***


Moins d'un quart d'heure plus tard, nous arrivons.
Il y a déjà une petite dizaines de véhicules de police stationnés devant un des hangars des docks.
Les cafés fument entre les mains des gars.
Nous sortons du véhicule.
'Salut Ed!'
'Salut Morton. Ca caille ce matin.'
'Ne m'en parle pas! Ce n'est pourtant pas faute d'avoir prié pour que les crimes soient commis en journée!'
'Alors, où est le corps?'
'Dans le hangar. Ca a l'air assez récent mais ce n'est pas beau à voir'.
Morton est un petit bedonnant, la quarantaine, l'air plutôt sympa.
Il porte une combinaison bleu foncé avec « forensics » écrit sur le dos. J'en déduis donc qu'il doit faire partie de l'équipe du « coroner ».
Alors qu'ils partent tous les deux vers le hangar et que je les suis à bonne distance, Morton me montre de la tête.
'Et... c'est qui la charmante demoiselle qui t'accompagne?'
'Euh... oui, j'allais oublier. Lieutenant Swan ma nouvelle coéquipière.'
'Enchanté Lieutenant Swan', me dit-il en retirant son gant en latex pour me serrer la main.
'Bella, appelez-moi Bella'.
'Et bien, Bella, bienvenue parmi nous. Je suis Matthew Morton, assistant du légiste, mais appelle-moi Matt'.
'Enchantée, Matt'.
Il tape sur l'épaule d'Edward en le gratifiant d'un clin d'oeil.
'Je comprends mieux pourquoi ta brigade ne prenait pas de femmes. Cette charmante Bella valait tout à fait le coup d'attendre...'
Je souris à Matt. Edward, non. Quoi de plus normal?


***


Nous arrivons près du corps. Matt avait raison. Le type a le visage en bouillie. J'en rejetterais presque mon café. L'odeur est horrible. On a l'impression qu'elle a envahi tout le hangar.
Matt s'approche du corps.
'Homme blanc, origine à définir vue l'état de son visage. Mort remontant à 2 heures maximum. Des traces de coups, blessures défensives. Je lui donne 30 ans tout au plus'.
Je me penche à mon tour, évitant de regarder ce qu'il reste du visage du pauvre type.
'Et ça? Ce sont des traces de liens qu'on voit au poignet?'
'Oui. Je dirais des liens en corde mais ça reste à confirmer'.
Edward lève le nez de son calepin.
'Cause de la mort?'
'Pour moi, il a eu le crâne défoncé ce qui a entraîné une mort instantanée. Par contre, on a du le tabasser avant. Il porte des traces de coupures aussi'.
'Tu penses que cela peut s'apparenter aux autres meurtres?'
'Vus la violence et le déchaînement, oui, on ne peut pas l'exclure'.
Je repris la parole.
'Matt, ça te dérange si on retourne le corps?'
'Je ferais n'importe quoi pour toi ma belle!'.
Nous retournons le corps ensemble, aidés d'un flic en uniforme.
'Qu'est-ce que tu cherches?', me demande Edward qui vient de s'agenouiller de l'autre côté du corps.
'La marque de brûlure que l'on a trouvé sur tous les autres cadavres'.
'A première vue, il n'y en a pas mais on verra mieux pendant l'autopsie', me répond Matt.


***


Edward était en train de discuter avec d'autres flics et Matt venait de repartir avec le corps.
J'errais dans le hangar, respirant par la bouche. Le corps avait beau ne plus être là, l'odeur putride s'était comme imprégnée dans la tôle tout autour de moi.
Des vieux cartons, des chaînes rouillées, un grand container vert au fond.
Quelque chose me choque, mais je ne sais pas quoi.
J'ai cette fichue impression depuis que je suis rentrée là-dedans.
Bon, ça ne sert à rien d'insister. Je vais me prendre un bon café chaud et je reviens après avec l'esprit clair.
Je sors du hangar et m'approche du véhicule de police où un flic en uniforme sert du café.
Le type me dévisage avec un sourire béat et je lui prends le café qu'il me tend en affichant mon plus beau sourire... un poil aguicheur, je le concède.
Je me sens un peu seule alors que toute la gent masculine m'observe.
Le soleil commence à se lever et l'heure de la première érection approche. Ces mecs... si pathétiques et prévisibles.
Je retourne dans le hangar, mais pas de miracle. Cette impression qu'un truc ne colle pas ne me lâche pas mais je n'ai pas d'illumination divine. Tant pis.
Edward vient me chercher. Nous retournons au poste.


***


Le trajet en voiture est toujours aussi silencieux. Heureusement, Edward a eu la bonne idée de mettre la radio, certainement une façon de me faire comprendre qu'il ne compte pas me faire la conversation.
La météo.
'Et comme depuis 16 jours maintenant, grand froid sec sur New-York avec des tempéra...', grésille le présentateur.
Et là, tilt.
'Edward! Fais demi-tour! Il faut qu'on retourne au hangar!'.
Il freine brusquement.
Je m'attends à ce qu'il refuse et qu'il me hurle dessus.
Au lieu de ça, il me fixe et commence à parler comme s'il s'agissait d'un monologue.
'Putain! L'odeur... Trop forte pour un cadavre de 2 heures, surtout avec des températures aussi basses...'
'Et puis il n'a pas plu depuis plus de 16 jours et il y avait ce bruit de flotte qui tombe par goûte au fond du hangar... ', continué-je.
Pour la première fois depuis mon arrivée, Edward m'offre son plus beau sourire_et mon Dieu, quel sourire!_ et entame une marche arrière des plus périlleuses en plein trafic.

Nous arrivons en trombe devant le hangar sous les yeux ahuris des autres flics qui nous ont vus partir moins de 10 minutes auparavant.
Nous nous précipitons vers le hangar.
Je montre du doigt le container.
Nous nous en approchons. Un liquide semble couler de dessous la porte, formant une flaque. Tout est rouillé et vétuste. Sauf la chaîne et le cadenas, qui semblent neufs.
Nous nous regardons. En silence, je prends la crosse de mon arme et m'en sers pour casser le cadenas.
La porte s'ouvre.

Horreur!
Une vingtaine de corps en putréfaction apparaît et du liquide sirupeux s'écoule un peu plus vite le long du container.
L'odeur et la vision de ces cadavres en décomposition avancée est insupportable. Je sens que je vais défaillir mais ne peux détacher mon regard.
Un bras ferme encercle mes épaules m'éloignant de la scène de crime alors qu'une main chaude et puissante se pose sur mes yeux, me protégeant de l'horreur du spectacle.
'Ne reste pas là. On va prendre l'air', murmure Edward contre mon oreille.

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