L.A. Blues - Chapitre 3

Publié par Lili Vamp' , dimanche 10 octobre 2010 12:20


CHAPITRE 3 – UNE SALE JOURNÉE ET MOI



Inutile de vous dire que je me lève particulièrement de mauvaise humeur ce matin. Cet Edward de malheur fait tout pour me pourrir la vie ! Aussi beau qu'il est con...
Après une douche rapide, j'enfile une robe légère et jette un dernier regard amer vers la buanderie qui me sert de labo photo. Je claque la porte d'entrée violemment et gratifie d'un regard noir mon voisin de palier qui ne cesse de me reluquer depuis son emménagement il y a un mois.
'Ils ont tous décidé de me faire chier aujourd'hui', marmonné-je.
À peine arrivée en bas de mon immeuble, j'aperçois un camion de la fourrière tracter ma voiture. Je me mets alors à courir aussi vite que mes escarpins me le permettent et le type s'arrête.
'Monsieur, je suis la propriétaire de cette voiture. Ne me l'emmenez pas puisque je suis là. On peut certainement s'arranger, non?'
'Euh, désolé mam'zelle mais votre voiture était garée sur la pelouse. La loi c'est la loi.'
'Sur la pelouse?', m'exclamé-je interloquée. Ce crétin d'Edward a du certainement profiter de mon malaise pour garer ma voiture n'importe où... Il peut compter sur moi pour lui faire payer la note !
'Vous pourrez venir récupérer votre véhicule à partir de 10h00 mam'zelle. Elle sera à la fourrière ouest. Le tout moyennant 125$ bien sûr.'
'125$ ? Non mais vous plaisantez ? Vous savez qui je suis ? Je suis Bella Swan du LA Morning !'
'Ouais, ouais, je sais. Je vous ai reconnue...'
'Alors vous me rendez ma voiture?'
'Non mam'zelle. Vous pourriez être la reine d'Angleterre que ça ne changerait rien. La loi, c'est la loi.'
Et de là, il repart, me laissant en plein désarroi.
'Espèce de salaud ! Vous allez voir le papier que je vais faire sur votre maudit service ! Je vous déteste !!!', lui crié-je alors que la camionnette s'éloigne, lui lançant de rage mon escarpin sans pour autant qu'il atteigne sa cible.
Quelques passants me scrutent alors que je récupère, penaude, mon escarpin.
Je suis bonne pour prendre le bus...


ooOOoo



J'arrive au journal avec une bonne heure de retard et les pieds meurtris par des escarpins absolument pas adaptés à la marche.
À peine ai-je le temps de m'installer à mon bureau et d'allumer mon PC que j'entends crier à travers la grande salle.
'Bella!, mon p'tit!, dans mon bureau ! Im-mé-dia-te-ment !!!!!'
Billy...
Si j'ai encore le droit à une leçon de morale, c'est sûr, je prends au moins un mois de congés.
J'entre dans le bureau de Billy.
Il est en train de dévorer un de ces sandwiches trop gras alors qu'il est à peine 10h00. Malgré trois infarctus ces dix dernières années, Billy a toujours refusé de corriger son style de vie. Sa femme Sue a beau le supplier d'être raisonnable, rien n'y fait. Une vraie tête de mule.
Billy est amérindien. Inutile de dire qu'il a du batailler dur pour monter le journal qui est à présent la référence des quotidiens de la côte Ouest. Je l'adore, malgré son côté paternel à outrance.
'Dis-moi tout. Je veux tout savoir sur le meurtre sans sang ! Tu es la reine du scoop ma belle!'
'Ce n'est pas si simple, Billy...'
'Comment ça?'
'Billy, les flics ne me diront rien si je commence à publier quelque chose dès maintenant. C'est du lourd cette affaire'.
'Très bien, je comprends. Ça ne me pose pas de problème tant que c'est toi qui détiens l'exclusivité'.
'Je l'aurai. Paul est sur l'enquête'.
'Voilà qui est une bonne nouvelle!'
'Ouais...'
'Bella ? Qu'est-ce-qui ne va pas?'.
'Rien. Enfin pas grand chose. En fait il y a ce type, Edward « je-ne-sais-pas-quoi »...'
'Développe...'
'J'ai l'impression qu'il me suit depuis que je suis sur ce meurtre. Il est toujours où je me trouve.'
'Coïncidence?'
'Non. Hier soir je suis revenue sur la scène de crime et il était là lui aussi.'
'Ça ne ressemble plus vraiment à du hasard. Tu sais ce qu'il fait dans la vie ce Edward?'
'Pas vraiment. Il m'a dit qu'il était « un genre » de détective privé...'
'Alors ce n'est pas un détective privé. Tu devrais en parler à Paul. Tu es jolie et connue. Ce type est peut-être un maniaque qui s'est mis à te suivre'.
'Non, je ne crois pas Billy.'
'Qu'est-ce-qui te fait dire ça?'
'Il n'a rien tenté contre moi, enfin pas vraiment. J'ai découvert que les flics avaient manqué un bracelet qui s'était glissé sous le réfrigérateur. Je l'ai repéré sur un de mes clichés. C'est pour ça que je suis revenue sur la scène de crime. Mais Edward y était aussi. Je ne lui ai rien dit et ai récupéré le bracelet sans qu'il s'en aperçoive. Après ça j'ai fait un espèce de malaise et quand je me suis réveillée, j'étais chez moi, le bracelet avait changé de place et mes clichés le représentant avaient disparu'.
'Incontestablement il est lié à ce meurtre...'
'Billy, sans mes photos, le bracelet ne sert à rien!'
'Certes, mais il aurait pu te le prendre aussi... Il sait surement que si tu l'as, tu pourras au moins te renseigner sur sa signification, son origine et surtout, son propriétaire. Je ne suis pas sûr que cet Edward veuille réellement te mettre hors circuit'.
'Il n'a pas eu l'air de vouloir me proposer une collaboration si c'est ce à quoi tu penses...'
'Quoiqu'il en soit, suis la piste du bracelet et retrouve ce foutu Edward. Il sait quelque chose, j'en suis certain.'
'Reçu...'
Je me lève et repars vers mon bureau. Je commande un taxi.
Je vais consacrer le reste de la journée à faire le tour des bijouteries de L.A.


ooOOoo


Il est 20h00 et ma journée chez les bijoutiers ne m'a pas fait avancer d'un pouce. Personne n'a reconnu le bracelet ou l'armoirie gravée dessus.
J'arrive dans le petit restaurant italien où j'ai rendez-vous avec Paul.
Il est déjà là, assis à notre table habituelle.
Je m'approche de la table et l'embrasse tendrement.
'Bonsoir mon amour. Je t'ai commandé des pennes au basilic avec un verre de chianti'.
'Merci Paul. C'est tout ce dont j'avais besoin'.
Il pose sa main sur la mienne.
'Tu as l'air épuisée. Dure journée?'
'Oui, un peu. Je couvre une potentielle infidélité de l'actrice Mia Nicholls', mens-je.
'Ah ouais ? Je n'aurais pas cru qu'elle était de ce genre...'
'C'est pour ça que ça ferait un beau scoop ! Et toi, l'enquête avance?', essayé-je de détourner la conversation tout en glanant des renseignements.
'Bella... Tu sais que nous ne pouvons pas en parler'.
'Je sais. Je voulais juste savoir si tu avançais, rien de plus', lui réponds-je innocemment.
Il soupire.
'Pour l'instant, aucune piste. Rien de rien. On stagne. Par contre, aussi curieux que cela puisse paraître, quelqu'un s'est introduit sur la scène de crime hier dans la nuit. Tu vas rire mais au début, j'ai pensé que c'était peut-être toi'.
À cet énoncé, j'avale un penne de travers et manque de m'étouffer. Je bois le verre d'eau que Paul me tend.
'Pourquoi quelqu'un reviendrait-il sur la scène de crime. Il n'y avait aucune trace à effacer', me reprends-je.
'On a vérifié. Il manque... un livre.'
Ainsi donc Edward n'était-il pas là hier soir par simple hasard...
'Un livre ? C'est ridicule. Le meurtrier ne se risquerait pas autant pour un simple livre...'
'À moins que celui-ci ait une importance particulière.'
'Que faisait la victime dans la vie?'
'C'était un scientifique. Il travaillait pour un laboratoire privé. Il venait de divorcer et vivait seul en attendant de vendre la maison'.
Intéressant... Une piste que je pourrais creuser. Il faudra que j'en parle à Billy.
Alors que nous lisons la carte des desserts, Paul reprend la parole.
'Bella. Tu sais ma chérie, je me suis dit qu'il serait peut-être temps de parler d'avenir. De notre avenir...'
Je lève les yeux de ma carte et la pose sur la table, gênée.
'Je sais que tu ne te penses pas prête mais j'aimerais qu'on essaye de vivre ensemble. Qu'en penses-tu?'
'Et bien, tu sais, Paul....', commencé-je à bredouiller.
Bip, bip, bip !
Sauvée par le bippeur de Paul !
Il pousse un soupir contrarié et me regarde, désolé.
'Excuse-moi chérie, c'est le commissariat, il faut absolument que je rappelle'.
'Pas de problème. Va s'y', lui réponds-je en essayant de ne pas avoir l'air trop soulagée.
Il s'éloigne, le téléphone à l'oreille.
Quelques minutes plus tard, il revient à notre table, la mine contrite.
'Je suis désolée mon amour. Ça tombe très mal mais je dois y aller. C'est urgent.'
'Ok, t'inquiète, je sais ce que c'est. Le devoir t'appelle.'
'Tu veux que je t'appelle un taxi en attendant que je te récupère la voiture demain?'
'Non merci, Paul. Ça ira. Je vais rentrer à pied. Ce n'est pas loin et ça me fera le plus grand bien de prendre l'air.'
'Sois prudente. Je t'aime', me dit-il en m'embrassant.
'Toi aussi sois prudent', me contenté-je de répondre.



ooOOoo



Je longe la rue qui borde l'océan. Il fait nuit et la fraîcheur est agréable. Comme nous sommes en plein milieu de la semaine et qu'il est déjà 23h30, les passants se font rares et seul le bruit des vagues, apaisant, trouble le silence.
Je prends la ruelle sur ma droite, moins éclairée mais elle est un excellent raccourci pour rejoindre mon immeuble. Seul le bruit de mes chaussures semble résonner.
Attendez...
Le bruit de mes chaussures ?
Mais mes chaussures en ce moment... je les tiens à la main !
Alors si je suis pieds nus, à qui appartient ce bruit de chaussures...
À peine ai-je fini ma réflexion qu'on me propulse contre le mur.
Je me retourne, terrorisée.
'Où sont-ils?', me demande un homme aux cheveux blond châtain, courts.
'Je ne... de quoi parlez-vous?'
'Ne me prends pas pour un con la fouineuse!', s'énerve t'il en m'enserrant la gorge.
'Je ne comprends rien ! Que me voulez-vous ?!', paniqué-je.
'Je veux que tu me rendes le livre et le bracelet, compris?'
'Je n'ai pas ce que vous me demandez, je vous le jure!'
Il s'approche encore plus de moi, comme si c'était encore possible. Son visage est très pâle et ses yeux... Ses yeux sont rouges. Comme injectés de sang.
Il penche sa tête contre mon cou, comme s'il voulait m'embrasser mais ce sont ses dents que je sens contre ma peau.
'Tu es si belle... Et tu sens si bon... Je pourrais peut-être m'amuser un peu avec toi en attendant que la mémoire te revienne...'
'Mon dieu, non ! Lâchez-moi!', essayé-je de me débattre.
Mais il est fort, très fort, et déjà il glisse sa main glacée sous ma robe, remontant le long de ma cuisse. Il grogne.
J'ai tellement peur que je finis par m'écrier 'C'est bon, je vais tout vous dire!'.
Il ricane et continue ses attouchements malgré tout, insérant sa main dans mon string.
J'hurle et les larmes commencent à couler sur mes joues.
Tout à coup, le poids qui me presse contre le mur n'est plus et à ma plus grande stupéfaction, je vois Edward jeter mon agresseur contre le mur en face.
'Elle ne sait rien Demetri, ne la touche pas!', lui crie t'il dans un râle.
'Si elle ne sait rien, laisse-moi au moins m'amuser un peu... Il est rare de trouver un mets aussi savoureux...'
'Ne t'approche pas d'elle!'
Edward le toise et grogne. On dirait presque qu'il feule. Ça n'a rien d'humain et je ne sais pas si c'est la peur qui me joue un sale tour ou si je deviens folle.
Le Demetri en question me jette un regard haineux et s'enfuit, non sans promettre de revenir me chercher très vite.
Je me laisse glisser le long du mur, pétrifiée.
Sans que je l'ai vu approcher, Edward est déjà à genou devant moi. Il prend mon visage entre ses mains et inspecte ma nuque, arborant tout à coup un air soulagé.
'Est-ce que ça va aller ? Vous avez mal quelque part?'
Et là, je ne sais pas pourquoi, il me vient une poussée d'adrénaline. Je me relève et me mets à lui crier dessus.
'Tout ça c'est de votre faute ! Si vous n'aviez pas garé ma voiture sur la pelouse je ne serais pas rentrée à pied ce soir ! Vous êtes un mufle ! Et je sais très bien que c'est vous qui avez le livre ! C'est ce que vous étiez venu récupérer la nuit dernière ! J'ai failli mourir par votre faute ! J'ai...'
Je n'ai pas le temps de finir ma phrase. Sa bouche est sur la mienne. Elle est froide et dure, et douce à la fois. Je l'entends grogner. Encore.
Lorsqu'il rompt le baiser, je suis sans voix. Tétanisée. Comme muette.
Il me lance son sourire à tomber mais ses yeux ambres sont assombris et j'y sens un trouble. Sans que je puisse protester il me soulève et me porte, me ramenant en direction de mon immeuble.
Lorsqu'il me dépose devant la porte de mon appartement, je commence enfin à sortir de la torpeur dans laquelle son baiser m'avait plongée.
'Qu'êtes vous Edward ? Et ce Demetri ? Qu'est-ce-qui m'échappe?'
'Vous êtes trop observatrice pour votre bien, Isabella. Allez vous coucher.'
Je m'énerve à son manque de réponse.
'Ne me dîtes pas ce que je dois faire ! Tout ça c'est de votre faute je vous rappelle!'
'Eh ! Doucement ! Je vous ai tout de même sauvé la vie !, se défend t'il, mi amusé-mi agacé.
'Vous me devez 125$ de fourrière Edward de mes deux ! Bonne nuit!'
Et c'est devant son sourire amusé que je lui claque la porte au visage.


ooOOoo


Cette nuit-là, alors que Bella est endormie, Edward est là, assis sur le rebord du lit, à veiller sur son sommeil.

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