L.A. Blues - Chapitre 2

Publié par Lili Vamp' , dimanche 10 octobre 2010 12:18


CHAPITRE 2 – LE BRACELET ET MOI


Dans la pénombre rouge de la pièce, je développe les photos prises ce matin. Je sors les clichés du dernier bac et les pends au fil au dessus de ma tête afin qu'elles sèchent.
Ce crime sans sang et l'homme mystérieux m'ont laissé une sensation de malaise tout au long de la journée. Même au journal, j'étais là sans être là...
J'apprécie la fraîcheur de la nuit accoudée à la rambarde de ma terrasse, un verre de vin rouge français à la main. Il est déjà minuit passé mais je ne trouverai pas le sommeil de sitôt, je le sais.
Mon portable se met à vibrer sur ma table d'extérieur. Un message.

Je suis persuadé que tu ne dors pas.
Paul

Perspicace...
Le sourire aux lèvres je décide de lui répondre.

Pitié, ne me fais pas la morale, j'ai eu une longue journée !
D'ailleurs, tu ne dors pas non plus... De permanence ?
B.

Je sais que tu vas sauter de joie...
On vient de me mettre sur l'affaire du crime sans sang.
P.

Mes yeux s'agrandissent à la nouvelle.
Je ne peux attendre et prends le combiné.
'Je savais que tu ne pourrais même pas attendre une minute pour m'appeler, B'
'Paul, tu es sur l'affaire ! Mais c'est génial ! On pourrait peut-être s'entraider...'
'B, Quil m'a dit que tu t'étais déjà faite remarquer ce matin, tu sais que je n'ai pas le droit de te parler d'une affaire en cours...'
'Officieusement tout est possible, Paul, et je te rappelle que je peux t'être d'une grande aide ! Je peux aller fouiller dans les chemins boueux où même toi ne serais pas autorisé à fureter.'
'C'est bien ce qui me fait peur ma chérie... Cette affaire, c'est du lourd. On ne sait pas encore dans quoi on met les pieds et sur ce coup, je préfèrerais te garder en dehors de tout ça, ça pourrait être dangereux.'
'Mais je suis journaliste, et une bonne ! Je ne peux pas me contenter des potins de la jet-set!'
'Je comprends mais tu devrais rester en dehors de l'affaire, du moins cette fois-ci. Fais le pour moi..., promis?'
'Ok... je te le promets... Bonne nuit alors...', réponds-je d'un air faussement résigné, en croisant les doigts derrière mon dos en formulant ma promesse.
'On se voit demain ma belle. Tu me manques. Je t'aime B.'
'À demain Paul. Je t'embrasse', le salué-je, prenant bien soin d'éviter les « trois mots fatidiques » qu'il crève de m'entendre prononcer.
A peine ai-je fini de raccrocher que je me précipite dans la chambre noire afin de jeter un coup d'œil sur les clichés qui devraient maintenant commencer « à parler ».


***


Les photos ne sont pas complètement sèches alors je les scrute une à une à l'aide d'une loupe.
Premier passage en revue...
Deuxième...
Sixième...
Rien de nouveau.
Onzième...
Quelque chose me trouble mais quoi ?
Douzième...
Bingo !
Il a un truc qui semble avoir pris le reflet du flash, là, sous le réfrigérateur à la porte enfoncée.
Quelque chose de brillant... Un bijou ? Serait-il tombé pendant la lutte ? Se pourrait-il qu'il appartienne au meurtrier ? J'approche ma loupe un peu plus mais il m'est impossible de distinguer parfaitement ce que c'est.
Ni une, ni deux, je me rhabille en vitesse et me précipite vers ma vieille mais fidèle mini Austin.
Alors que je m'apprête à démarrer, je ressens des picotements derrière la nuque. Je me sens...observée.
Mon père m'avait toujours dit qu'en situation difficile, il fallait savoir conjuguer intelligence et instinct. Et là mon instinct me dit que je ne suis pas seule. Je regarde autour de moi. Personne, pas d'ombre suspecte. Je démarre sans pouvoir réprimer un frisson le long de ma colonne vertébrale.


***

Je me gare une rue plus loin que la scène de crime. Je parcours le chemin à pied, discrètement.
Alors que je distingue enfin la maison, j'aperçois un flic devant la porte d'entrée. Merde ! J'aurais du m'en douter. Je décide donc de tenter une entrée par la porte arrière, qui donne directement sur le jardin.
J'enjambe la clôture grillagée et me faufile jusque la porte arrière... fermée à clé.
Je prends mon indispensable épingle à cheveux et commence à triturer la serrure qui finit par céder.
C'est à ce moment-là que les picotements le long de ma nuque redoublent, suivis d'une légère brise.
'Ce n'est pas très légal de pénétrer dans une maison par effraction Mlle Bella Swan du LA Morning...', me dit une voix de velours derrière moi.
Je sursaute et me retourne immédiatement pour me retrouver devant le magnifique homme mystérieux de ce matin, ses yeux ambres fixés sur moi avec ce qui semble être un air appréciateur pendant que se dessine un signe moqueur sur son sourire.
'Vous...vous m'avez fichu une de ces trouilles ! Non, mais ça ne va pas de faire un truc pareil ! Et puis qu'est-ce-que vous faîtes là ? Vous me suivez, c'est ça?'
'Eh, ce n'est pas moi qui fourre une épingle à cheveux dans la serrure d'une porte qui mène directement à la scène de crime je vous rappelle ! Je pourrais vous poser la même question...'
'Je...je...je voulais jeter un autre coup d'œil sur la scène, c'est tout...'
'Auriez-vous découvert quelque chose d'intéressant?'
'Non, du tout ! Je voulais juste revoir la scène à tête reposée, c'est tout.'
'Vous mentez vraiment mal pour une journaliste', répond t'il dans un sourire.
J'entre dans la maison, passablement énervée par cet accompagnateur imprévu, certes sexy en diable mais vraiment dérangeant.
Alors qu'il me suit comme nous traversons le salon, je finis par lui poser la question qui me taraude depuis notre brève rencontre ce matin.
'Et qui êtes vous au juste?'
'Je suis Edward.'
'Edward... Edward comment?'
'Edward...Edward.'
'Original de vous avoir collé le même nom et prénom, vous avez pensé à traîner vos parents en justice?', ironisé-je.
Il grimace.
'Vous n'avez pas besoin de connaître mon nom. Edward suffira'.
'Très bien, au moins ça a le mérite d'être clair monsieur Edward Edward. Et que faîtes-vous dans la vie, je veux dire, en dehors de suivre les journalistes?'
'Je suis une sorte de … de détective privé.'
'Une sorte de ? Vous pourriez être plus explicite...'
'Contentez-vous de ma réponse, vous êtes beaucoup trop curieuse pour votre santé...'
'Menace?'
'Non, avertissement. Et taisez-vous où nous allons nous faire repérer par le flic devant'.
Abruti... Arrogant... Ce type est une plaie... Mais comment vais-je faire pour récupérer ce truc sous le frigo sans me faire remarquer ?
Nous entrons dans la cuisine, lieu où le crime s'est déroulé, et je me dirige vers le réfrigérateur, faisant semblant d'observer l'impressionnant enfoncement sur la porte. Sans que j'aie le temps de souffler, Edward est déjà derrière moi et me retourne violemment, me collant contre la porte du réfrigérateur, son visage à quelques centimètres du mien, ses mains posées de chaque côté de mon visage.
'Qu'est-ce-que que vous me cachez, Bella?'
'Rien, rien du tout...', prononcé-je avec difficulté.
C'est le moment où jamais, je laisse tomber mon sac à mes pieds et me baisse pour le récupérer. J'en profite pour glisser discrètement ma main sous le frigo. C'est là que je frôle l'objet... Je m'en saisis hâtivement et le mets dans mon sac, ayant à peine le temps d'entrevoir qu'il s'agit d'un bracelet large en cuir avec une plaque en métal gravée d'une sorte d'armoirie.
Je me relève et pousse Edward de mon passage.
Je fais semblant de continuer à scruter la cuisine sous son regard inquisiteur. Dans un souffle d'exaspération, je retourne dans le salon et c'est alors que je constate que le sofa est abimé. Comme griffé. Étrange... Je n'ai pas remarqué la présence d'un chien ce matin. Je m'approche un peu plus. Les traces de griffures sont profondes. Une fois de plus, Edward est à mes côtés sans que je ne m'en sois aperçue.
'Il n'y a ni niche dans le jardin, ni gamelle... Je me demande d'où proviennent ces griffures. De plus, elles ont l'air récentes. Se peut-il qu'elles soient là suite à la bagarre entre la victime et son assassin?', lui demandé-je.
Il s 'approche alors de moi à pas lents, le regard fixe et noir, presque inhumain. Je commence à avoir peur et recule jusqu'à buter contre le dos du sofa.
Il colle sa bouche glacée contre mon oreille.
'Désolé Bella mais je dois le faire, tu es trop perspicace pour ton bien'.
Mes yeux s'agrandissent de stupeur. Il commence à prononcer une longue litanie dans une langue que je ne reconnais pas, prenant mon visage dans ses mains froides et me fixant de ses yeux noirs et effrayants. Une étrange sensation de léthargie s'empare de mon corps, mes paupières s'alourdissent sans que je puisse lutter. Puis c'est le trou noir.

***


Je me réveille avec un sentiment bizarre. Je ne me souviens de rien après être semble t'il, tombée dans les pommes. Je ne saurais même pas dire comment j'ai réussi à rentrer chez moi. Je m'étire et frôle un morceau de papier sur le drap. Je le prends et lis les quelques lignes.

Le bracelet ne vous servira à rien sans la preuve que vous l'avez trouvé
sur la scène de crime. Abandonnez cette affaire avant qu'il ne soit trop tard.
Tout cela vous dépasse, croyez-moi. E.

Je me précipite vers mon sac pour vérifier si le bracelet y est toujours. Rien. Je me retourne, désespérée, et c'est là que je constate qu'il est en fait posé sur ma table de nuit.
Le con !
Je vais alors vers la chambre noire. J'ouvre la porte et allume la lumière. Un cri m'échappe.
Les photos où apparaissaient le reflet du bracelet ont disparu.
'Espèce de salaud...', marmonné-je.

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